Arlette Farhi
Mimizan 1942 - CDJC/Mémorial de la Shoah

Arlette Farhi

Elle naît le 17 septembre 1932 au 7 de la rue Charles Dickens à Paris XVIe, fille de Léon Juda/Yuda, commerçant (tapis d’Orient), puis représentant (natif d’Andrinople en Turquie, arrêté et déporté avec sa femme et sa fille, il mourra le 2 mars 1944 au camp d’Auschwitz III-Monowitz [1]Source : Auschwitz Memorial : http://base.auschwitz.org/wiezien.php?lang=en&ok=osoba&id_osoba=66037 et de Régine/Rejin Alfandary (née en 1902 à Istanbul, déportée avec son mari et sa fille).

Immigrés en France en 1925/1927, ils se marient en 1927.

7 rue charles dickens
7 rue Charles Dickens

Arlette est française depuis le 26 novembre 1938, sans doute par déclaration de ses parents.

La famille se réfugie dans les Landes le 14 juin 1940, à Mimizan-Plage, Villa « Plaisance ».

Régine, la mère d’Arlette, Clara, sa tante, épouse Canetti avec son fils, et ses grands-parents maternels, Jacques et Rachel Alfandary, habitent ensuite la Ville d’hiver (Mimizan-Plage), villa « Logis Landais » (ils sont recensés comme juifs en octobre 1940).

En mars 1942, la kreiskommandantur demande, par l’intermédiaire du préfet, puis du maire, et enfin d’un « garde de police », s’ils sont baptisés.

Le 27 août 1942, sa mère demande l’autorisation au préfet de rejoindre (avec sa fille) son mari, « en traitement » à Bordeaux. Sans succès

Le 26 septembre 1942, la Police de Sûreté allemande de Bordeaux ordonne leur expulsion de Mimizan en direction de Paris (7 rue Charles Dickens).

Le 17 octobre 1942, Régine renouvelle sa demande, après le décès de son père Jacques, de pouvoir rejoindre son mari à Bordeaux, au 11 bis rue Hustin (Le 19, les Sigman sont arrêtés Villa Cigale, rue de la Poste à Mimizan-Plage).

« Je me permets de vous informer que le transfert de mon domicile à Bordeaux est une question vitale pour moi-même et ma fille, laquelle doit suivre la classe de 6e dans un lycée, vu qu’elle a terminé déjà l’Ecole Primaire de Mimizan-Plage en juin dernier ».

La demande est transmise le 20 par le maire, mais le préfet signe l’ordre d’expulsion le 24. Il est notifié par les gendarmes le 30. Le 2 novembre, la famille quitte Mimizan par le train de 17h25.

Ils habitent ensuite à Bordeaux, 69 rue de Macau, où ils sont arrêtés le 21 décembre 1943 à 4 heures du matin (les Juifs sont en effet assignés à domicile entre 20h et 6h) par les Allemands (SIPO-SD) aidés d’inspecteurs français de la SEC (Section d’Enquête et de Contrôle du Commissariat Général aux Questions Juives), lors d’une grande rafle qui vise plus d’une centaine de Juifs bordelais (dont 60 % de citoyens français). Le 17, la SIPO avait demandé la liste et les adresses des Juifs dans le ressort de la préfecture régionale, Papon s’était exécuté, répercutant d’ailleurs la demande en direction du préfet de Mont-de-Marsan et du sous-préfet de Bayonne.

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Devant le 69 rue de Macau à Bordeaux. Arlette et ses parents
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Dans le jardin du 69 rue de Macau à Bordeaux (1943)

Arlette est internée avec sa mère au camp de Mérignac par les autorités occupantes le 21 décembre 1943 (leur père le lendemain…).

La nationalité turque (pays neutre) de ses parents aurait dû, en principe les protéger de l’arrestation et de la déportation, mais la demande de renouvellement du certificat de nationalité de Léon Farhi était, au moment de leur arrestation, perdue dans les méandres de la bureaucratie (consulat de Turquie à Paris). L’arrestation des Farhi accélère les démarches, mais les interventions turques auprès des Allemands ou de la préfecture de la Gironde (Maurice Papon) sont sans effet, et la famille est transférée à Drancy le 30 décembre, par le train de messagerie de 12h44 au départ de la gare de Bordeaux-Saint-Jean (134 personnes, dont 26 enfants de 1 à 13 ans, escortés par des policiers français et deux feldgendarmes).

Malgré de nouvelles démarches et interventions (dont celles du vieux père, presque aveugle, de Léon, resté en Turquie, du consul général, auprès de Röthke, et enfin, en juin 1944, de l’ambassadeur de Turquie à Berlin), les Farhi sont déportés par le convoi du 20 janvier 1944. Arlette est vraisemblablement assassinée dès l’arrivée du convoi à Auschwitz le 23 [2]https://deportation.yadvashem.org/?language=fr&itemId=5092637 et https://fondationdeportation.files.wordpress.com/2015/02/mv_65_1.pdf.

Elle est déclarée décédée (ainsi que ses parents) le 25 janvier 1944 à Auschwitz [3]Arrêté du 19 mars 2008 paru au Journal Officiel de la République Française le 26 : https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000018422963.

Son ayant-cause après-guerre est sa grand-mère Rachel.

Sa tante Clara/Claire et son cousin germain Edmond dit « Mony » Canetti (11 ans, naturalisé en juin 1939) survivent à la guerre.

Elle ne figure pas sur le Mémorial du Parc Jean Rameau.


Documents d’archives

Autres sources