Des Chantiers de la Jeunesse aux Groupements Forestiers
En 1941, le Groupement 47 « Pol-Lapeyre », des Chantiers de la Jeunesse Française, rattaché au Commissariat régional pour la Province de Pyrénées-Gascogne, s’installe à Gabarret, avec des antennes à Lussole (Losse), Estampon (Losse), Bergonce (Bourriot), Lubbon, Vielle-Soubiran, Estigarde et Plaisance (Maillas). Des bâtiments préfabriqués sont construits (actuel collège Jules-Ferry). Sa devise : « Tenir », son journal : « Renaissance », son chef : Jean Lambret, ex-capitaine d’artillerie.
« L’armistice du 22 juin 1940 ayant supprimé le service militaire obligatoire, les Chantiers de la Jeunesse sont créés à la place, le 30 juillet 1940. Les jeunes hommes de la zone « libre » en âge (20 ans) d’accomplir leurs obligations militaires y sont incorporés pour un stage de six, puis huit mois. Ils vivent en camp près de la nature, à la manière des scouts à la différence importante qu’ils ne sont pas volontaires et ils accomplissent des travaux d’intérêt général, notamment forestiers, dans une ambiance militaire. Ils sont encadrés par des officiers et des sous-officiers d’active et de réserve démobilisés. Dirigés par le général Joseph de La Porte du Theil, les Chantiers de la jeunesse sont une institution ambiguë. Il s’agissait d’inculquer les valeurs de la « Révolution nationale », prônée par le Régime de Vichy» (Wikipédia).
Fin 1943/début 1944, une partie des membres des Chantiers de la Jeunesse (les appelés ayant effectué leurs 8 mois de service) passent sous l’autorité du Ministère de la Production industrielle (Secrétariat d’Etat au Travail), quittant alors Gabarret pour Casteljaloux (Lot-et-Garonne).
Les autres groupements « repliés » depuis le Sud-est de la France fin 1943 dans la forêt landaise sont le Groupement n° 8 à Captieux (Gironde), le Groupement n° 10 à Sore, le Groupement n° 12 à Moustey, le Groupement n° 29 à Pissos, et enfin le Groupement n° 33 « Le Ventoux », basé à Nyons (Drôme), créé en mars 1941, dissous le 1er octobre 1943, expulsé par les Allemands pour complicités avec les maquis… et transféré à Lussolle (Losse) (PC) et Gabarret (services) en septembre-octobre 1943. Sa devise : « À cœur vaillant, rien d’impossible », son journal : « L’aurore ou Le Ventoux ». Son commandant, Raymond Coche, ex-capitaine des Chasseurs Alpins en Norvège en 1940, est acquis à la Résistance et entre en contact avec le groupe local.
Raymond Coche, qui a pourtant démissionné le 3 janvier 1944, suite au limogeage de son chef le général de la Porte du Theil, est approché par Gaston alias Hilaire (George Starr), par l’intermédiaire de Gabriel Cantal et Pierre Téchené, et accepte d’apporter le concours du Groupement 33 (660 hommes, des jeunes des classes 42-43, bien encadrés par des militaires reclassés) au réseau « Wheelwright ». Fin janvier, après un audacieux discours prononcé lors de la cérémonie au monument aux morts de Lussolle, à l’occasion de la dissolution des CDLJ, il rentre dans la clandestinité.
Dissous (sur ordre des Allemands) à compter de juin 1944, les Chantiers de la Jeunesse sont, en réalité, liquidés à partir de fin janvier, et deviennent le Détachement Forestier Régional des Landes, basé à Langon (dont le Groupement/Détachement Forestier n° 4 de Casteljaloux-Captieux, avec pour chef Jean Lambret, lui aussi acquis à la Résistance). Ces détachements sont sous l’autorité du Ministère de la Production Industrielle, mais voués au travail obligatoire pour le compte des Allemands (dans le cadre du S.T.O.), ce qui provoque une forte hausse du nombre de réfractaires. On distingue dès lors les jeunes requis « Verts », qui terminent leur temps, et restent aux Organes Liquidateurs des CDLJ (rattachés au Ministère de l’Education Nationale), dans les camps de base, avec comme centre Casteljaloux, et les « Bleus », requis, déjà passés à la Production Industrielle (y compris dans des chantiers forestiers privés), dénommés d’après la couleur de leurs uniformes.
Détachements Forestiers comme Organes Liquidateurs sont dans le collimateur des Allemands et de la Milice, et sans doute infiltrés par ceux-ci.
Des sabotages « voyants », des parachutages d’armes loupés, des imprudences commises par des membres des Chantiers, alertent davantage les Allemands et leurs collaborateurs français (atterrissage forcé d’un avion britannique suite à un parachutage à Arx en août 43, accrochage avec un groupe FTP à Allons –Gironde- en février 44, saisie d’une dépôt de matériel parachuté à Réaup –Lot-et-Garonne- le 7 avril 44, crash d’un avion de parachutage britannique le 12 avril à Anzex –Lot-et-Garonne-, saisie par les Allemands d’un parachutage à St-Gor le même jour, etc.). Enfin le 19 avril la Résistance fait sauter une citerne d’essence en gare de Bourriot.
Les Allemands ont aussi vent de la désertion d’une vingtaine ou d’une trentaine de leurs soldats bien armés (dont un adjudant), des Alsaciens-Lorrains incorporés dans la 2e Division SS « Das Reich », cantonnés à Auros (Gironde). Les Chantiers de la Jeunesse sont soupçonnés de les cacher. Une opération allemande amène d’ailleurs l’arrestation d’un déserteur alsacien, sans doute un provocateur (Kiene) le 25 mars à Auros. Il s’était présenté au siège du Groupement n° 4 du Détachement Forestier des Landes à Casteljaloux. Le commissaire Le Roux, de Mont-de-Marsan, prévient Aldo Molesini des recherches opérées par la feldgendarmerie.
Le 15 avril Coche, prévenu d’une arrestation imminente, fuit vers la Drôme.
Toutes les conditions sont dès lors réunies pour que l’occupant allemand ressente la nécessité d’entreprendre une opération d’envergure pour « nettoyer » ce secteur des Landes (mesurant 20 km sur 25 environ), compris entre Casteljaloux, Captieux, Roquefort, Saint Justin, Gabarret et Houeillès (Lot-et-Garonne). Là, se cacheraient des réfractaires au STO (dans les grandes entreprises forestières et les Chantiers de Jeunesse, ayant fui en particulier le Centre ou la Dordogne, comme Joseph HEYMANN), des Travailleurs Etrangers « rouges » en situation irrégulière (en particulier des Espagnols républicains), de nombreux « terroristes » dans les maquis qui reçoivent des parachutages d’armes d’Angleterre (ce qui est vrai…).
L’opération de répression allemande va donc viser le Détachement Forestier des Landes, les Chantiers de la Jeunesse en voie de liquidation, mais aussi les chantiers forestiers privés, des civils, ouvriers, etc.
« Wildfang Unternehmen »
Cette opération, qui a pour nom de code » Wildfang Unternehmen » (Opération Sauvage), est minutieusement préparée à partir de Bordeaux par les Allemands.
Cette opération mobilise :
- La Wehrmacht : c’est l’AOK 1 qui donne l’ordre de mener cette opération (un AOK , ArmeeOberKommando, généralement commandé par un Generaloberst, contrôlait plusieurs corps d’armée et disposait de ses propres troupes).
La direction opérationnelle est confiée au colonel Mowitz, commandant d’un régiment de chasseurs de la 279e Division, basée sur la côte basque. L’état-major est installé à Bazas. Environ 16 compagnies (2.000 hommes) sont engagées. Les troupes proviennent de Mont-de-Marsan (197e Régiment de Sécurité) et Bordeaux (régiment de la 159e Division d’Infanterie).
- La Feldgendarmerie
- La SS :
- Waffen-SS : SS-Panzergrenadier-Regiment 3 « Deutschland » (en partie ?) de la 2e SS-Panzer-Division « Das Reich », venue de Sos-Nérac (qui s’illustrera quelques semaines plus tard par une répression particulièrement féroce à Tulle ou Oradour-sur-Glane…). Le général SS Heinz Lammerding semble avoir été aperçu à Gabarret.
- KDS (SiPo-SD, Sicherheitspolizei und Sicherheitsdienst, service de sécurité de la SS) : des kommandos de tout le Sud-Ouest, Dohse est à Bazas, des interprètes.
- Les Français (on signale des hommes portant un brassard jaune sur le bras gauche) :
- S. A. P. (Section des Affaires Politiques du commissaire Poinsot)
- Hauskapelle (la Hauskapelle a été créée par Friedrich Wilhelm Dohse en janvier 1944, c’est un corps d’auxiliaires français). Elle intervient à Roquefort, St-Justin.
- Groupe Besson-Rapp (des Français en uniforme allemand du « Corps des volontaires », milice créée par Gärtner et financée par l’armée allemande), qui intervient à St-Justin
- Des membres des G.M.R. ? (Groupes Mobiles de Réserve, police de Vichy).
7 groupes sont ainsi constitués, pour un total de peut-être 3.000 hommes, voire 4 ou 5.000…
Toute la journée du 20 avril 1944, les habitants de la région remarquent qu’ils sont survolés en permanence par un avion d’observation.
Dans la nuit du 20 au 21 avril 1944, des habitants sont réveillés et intrigués par le passage de nombreux convois allemands. Le 21 vers 2h du matin, une colonne allemande motorisée passe à l’action. Toutes les routes sont surveillées, toutes les entreprises importantes comme les papeteries de Roquefort, les Chantiers de la jeunesse en cours de liquidation, les Groupements forestiers nouvellement formés, les communes censées cacher des « terroristes », sont cernés par les Allemands qui entreprennent un ratissage systématique de la zone.
Vers 3h30, les Allemands sont à Lapeyrade à Losse, où ils prennent le contrôle de la cabine téléphonique chez René Barbères. Le téléphone est coupé.
Toutes les communications sont interrompues.
Les opérations vont se poursuivre pendant deux jours.
Il y a un Allemand tous les 30 mètres sur la voie ferrée et la route. Tout ce qui circule sur les routes est appréhendé.
Les Chefs et jeunes des Organismes Liquidateurs des CDLJ n’étaient arrivés que la veille à Casteljaloux, afin d’y centraliser et finaliser la liquidation ; ils sont arrêtés et envoyés dans le camp de Bazas. Les civils, français ou étrangers, hommes pour la plupart, âgés de 18 à 50 ans des communes de Roquefort, Saint-Gor, Saint-Justin (18 à 60 ans), Gabarret, Captieux, Houeillès, Casteljaloux, sont raflés.
Vers 6 heures, ce sont les Papeteries de Roquefort (et la SO.FO.FI.MA.) qui sont investies par environ 200 soldats Allemands (et une vingtaine de Français portant un brassard « Deutsche Wehrmacht »). 200 à 300 hommes y sont arrêtés, dont M. Cuvelier, directeur de l’exploitation forestière (130 ouvriers des Papeteries seront relâchés à Bazas suite à l’intervention de la direction, mais au 8 mai, 8 ouvriers n’avaient toujours pas été libérés) (en mars 1945, on parle de 100/130 arrestations, dont 11 maintenues). Vers 7h30, les Allemands fouillant une maison, Gaston Béziat parvient à s’enfuir en échappant à leurs balles. Un voisin, Albert Arrocena, est abattu par une rafale de mitraillette alors que, prenant peur, il essayait de s’enfuir. Des vols sont commis dans certaines maisons (on parle de 21 maisons pillées), le poste d’essence de M. Garrabos vidé, etc.
Vers 7h, les Allemands (détachement de la 2e DBSS Das Reich) investissent et pillent les cantonnements du Groupement Forestier des Landes n° 4 et des Organes Liquidateurs des Chantiers de la Jeunesse à Gabarret. Le personnel et les jeunes y sont arrêtés, auxquels les Allemands joignent tous les hommes valides de 18 à 60 ans (y compris des miliciens), qui commencent à arriver vers 8h. Ils sont parqués sur la place aux couleurs des Chantiers de la Jeunesse. Le chef milicien de Mézin, et sa secrétaire interviennent pour faire relâcher certaines personnes..
Vers 9h, un général allemand arrive.
En fin de journée à Gabarret, les civils âgés de plus de 50 ans sont relâchés, alors que les autres sont chargés sur des camions vers 17h.
Les arrestations ont aussi lieu à St- Justin (dès 3h30) (la ferme de M. Garbay est pillée et incendiée), Vielle-Soubiran, Bourriot (vers 5h), St-Gor (les Allemands y arrivent vers midi), Lapeyrade, Estampon, Herré, Labastide-d’Armagnac (?), mais aussi à Captieux, où un jeune de 17 ans qui tentait de s’enfuir est abattu, Casteljaloux, Houeillès ; le 22, les arrestations se poursuivent à St-Michel-de-Castelnau (Gironde), Maillas-Plaisance, Bergonce, Lubbon, Estigarde, Gabarret, St-Justin….
A Bourriot-Bergonce, 72 hommes sont regroupés à la mairie. Le maire sera interné au Fort du Hâ avant d’être relâché. La famille ULLMO et leur ami Benoît REIN (5 personnes), des réfugiés alsaciens, sont détenus à l’école. Ils sont juifs. Personne ne les reverra…
A Gabarret, l’hôtel de Mme Portes est incendié (sa fille et son gendre Gaston Morice déportés). Parmi les victimes « civiles », Marie-Laure Laillet, Louis Téchené, berger à la ferme de M. Garbay (limite St-Justin et St-Gor) abattu avec ses vaches alors qu’il gardait son troupeau (âgé de 70 ans, sourd, il n’aurait pas entendu les ordres des Allemands). Le 22 avril, des auxiliaires français abattent 3 Juifs (Pierre et Maurice CHIMENE et Joseph HEYMANN) au Camp de Jeunesse de Gabarret (actuel collège).
Ce même jour, une perquisition a lieu au domicile de Gabriel Cantal (il semble qu’il y ait eu dénonciation, suite à arrestation et torture de Laillet).
Pierre Téchené est lui aussi fait prisonnier, et ne doit sa libération qu’à l’intervention de son fils Bernard, 8 ans. En pleurs devant l’entrée du lieu de détention, réclamant le retour de son père, ses larmes apitoient un officier médecin allemand qui assistait silencieux à la scène. Eprouvant un certain respect envers un mutilé de la Grande guerre, il ordonne sa libération sur le champ. Lorsque les Allemands s’en aperçoivent, ils font tout pour le retrouver, n’hésitant pas à investir sa maison, à la fouiller de fond en comble et à prendre en otage sa fille Armande pendant plusieurs heures, cherchant à lui faire avouer, sans succès, le lieu où son père se cachait, sous la menace d’une mitraillette braquée sur sa nuque. Pierre Téchené et son gendre René Mougin se sont enfuis dans la forêt. Alors qu’ils sont cachés dans les ronces au fonds du ruisseau du « Benloc », ils voient passer une estafette allemande qui allait en direction du lieu-dit « Espérous » à Parleboscq, l’ancienne ferme de Pierre, avec à son bord sa fille Armande sous bonne garde. Très inquiets pour leurs proches, Ils décident de quitter le canton de Gabarret et de trouver refuge chez des parents à Montréal-du-Gers, puis Barbotan-les-Thermes.
Les Allemands voulant brûler la maison, le maire de l’époque, monsieur Gaujous, s’interpose, argumentant que la maison était au cœur de la petite ville, et qu’y mettre le feu risquait de propager l’incendie à la totalité de l’agglomération.
Une scierie forestière à St-Justin est incendiée.
A Allons (Gironde), trois fermes et une maison sont incendiées.
Arrestations, transferts et déportations
Il est très difficile d’établir un bilan des arrestations, tant les chiffres avancés par les différentes sources varient.
On peut néanmoins estimer le nombre total d’interpellations (même pour quelques heures), tant dans les ex-Chantiers de la Jeunesse et Groupements Forestiers que parmi les « civils » (Landes, Gironde et Lot-et-Garonne), à un peu plus de 2.000 hommes (le rapport –critique- de l’allemand Eggers parle de 1.500 hommes pour toute la zone, Dohse dit 2300… Un rapport du commandant de gendarmerie de Bazas daté du 24 avril parle de 4 à 5.000 personnes arrêtées, ce qui semble excessif…).
Tous les chefs et hommes des CDLJ sont arrêtés (peut-être un peu plus de 1.000 hommes). Il y aurait donc eu un peu plus d’un millier d’arrestations de « civils ».
Vers 15/17h, depuis Gabarret, par St-Justin et Roquefort, les prisonniers landais sont transférés à Bazas (par camions ou autocars réquisitionnés) en fin d’après-midi. Il y a quelques évasions (Barthélémy, entre St-Justin et Roquefort, Jérôme Boudé, au Poteau, Jean Castay, plus loin).
Les civils sont séparés du personnel des CDLJ. Ils sont internés dans des baraquements (trop exigus) ou au stade, vers 18h30, passant la nuit à la belle étoile.
Le 22 dès 8h a lieu un interrogatoire sommaire et un premier tri (par le KDS, des SS, et un chef des CDLJ) : une partie des hommes sont libérés en fin d’après-midi (les « civils » âgés de plus de 50 ans, des cadres des CDLJ en raison de leur appartenance au secteur « Vert », une bonne partie des ouvriers des Papeteries de Roquefort) ; les autres (un peu plus de 1.100) sont transférés à Bordeaux dans la nuit et/ou au petit matin du 23 : la plupart sont internés à la Caserne Boudet (à 50 dans des pièces d’une capacité de 10 prisonniers…), un peu plus de 230 à la synagogue, enfin une cinquantaine (les plus suspectés et surveillés) au Fort du Hâ. Un nouveau tri, effectué par des membres de la S.A.P. les 25, 26 et 27, maintient en détention environ 500 hommes (la moitié sont des jeunes et cadres des CDLJ, l’autre moitié des « civils »).
A la date du 8 mai, selon un document allemand, les détenus sont : 181 à la Caserne Boudet (dont 76 étrangers), 55 à la synagogue (dont 17 étrangers), 54 au Fort du Hâ. Total : 290.
Le 12 mai a lieu l’« Opération sauvage 2 » dans 28 autres camps des CDLJ (dont Sore, Saugnacq-et-Muret, St-Magne, Bourideys, Louchats, Le Tuzan, Belin), amenant l’arrestation de 100 à 150 hommes supplémentaires (pour défaut de papiers d’identité), dont un Juif polonais, précise le rapport allemand.
Tous les détenus sont ensuite transférés au camp de Mérignac fin avril/début mai, puis à Compiègne (le 10 mai pour les civils, le 28 mai pour les DFL et CDLJ) : 168 « civils » (136 venus des Landes, dont 7 Alsaciens-Lorrains et 85 étrangers, essentiellement Espagnols) et quelques membres des CDLJ vers le camp de concentration de Neuengamme essentiellement (via Compiègne, départ le 21 mai). Quant aux 152 hommes des CDLJ, considérés comme réfractaires du S.T.O. (jeunes ayant accompli leurs 8 mois de présence aux CDLJ), auxquels s’ajoutent 82 « civils », ils sont envoyés par le convoi du 15 mai vers des camps de travail dans la région de Weser-Ems (Brême) ou en Tchécoslovaquie (usine Messerschmitt-SUMAG à Brunnersdorf – aujourd’hui Prunerov-, usine Fein Apparate Bau, près de Gablonz -aujourd’hui Jablonec-, dans la région des Sudètes). Les autorités allemandes affirment que les jeunes ont signé un engagement volontaire pour aller travailler en Allemagne… Quelques-uns (24 ?) sont dirigés vers les chantiers de l’Organisation Todt dans le Sud-Ouest.
Quelques évasions sont réussies lors du périple à travers la France (un peu plus d’une dizaine).
Du point de vue de l’occupant, le bilan de cette opération semble décevant (des armes ont ainsi bien été découvertes au camp de Casteljaloux, mais ce sont celles des gardes-caisses)…
Sur les 136 Landais déportés à Neuengamme, seuls 46 sont rentrés…
La rafle sera évoquée lors du procès Dohse en 1953 (où il est jugé avec Hans Luther, kommandeur du SiPo-SD, Anton Enzelberger, ancien boxeur et tortionnaire, Esch, interprète…).
Statistiques
BOURRIOT : 11 arrestations suivies de déportation (7 décédées)
ESTIGARDE : 2
GABARRET : 28 (6 décédées)
LOSSE : 4
LUGAUT/RETJONS : 2
ROQUEFORT : 1 (ou 3 ?)
SAINT-GOR : 4
SAINT-JUSTIN : 14 (3 décédées)
VIELLE : 5
LIEU INCONNU : 66 en très grande majorité étrangers
TOTAL : 136
Dont 67 Espagnols
Sources :
Archives du C.P.R.D.