Des échanges avec l’arrière-petite-fille de Maria Pascu-Gerschtein, ainsi que la découverte d’un document aux archives départementales, nous permettent d’en savoir plus sur le parcours de Rachel Leibovici et de ses proches.
Ce document se trouve dans le dossier judiciaire d’épuration de Maurice Larrieu, il concerne la moralité d’un témoin, le commissaire de police de Dax S…
Leba Pascu-Leibovici (mère de Rachel) était la sœur jumelle de Maria Pascu-Gerschtein. Elles avaient fui les pogroms de Roumanie en 1912 (à l’âge de 16 ans).
Un premier groupe (Gerschtein et Berenfeld) fuit Paris pour Toulouse à la veille de la Rafle du Vél’ d’Hiv’, dont ils ont été prévenus par le beau-père d’Yvette Ismerie, gardien de la paix. Celle-ci était la femme de Bernard Gerschtein, fils aîné de Maria.
Le second groupe (les deux sœurs jumelles, Rachel, fille de Leba, et l’autre Rachel, appelée Gaby, fille de Maria). Rachel souhaitait cependant rester chez des cousins dans la banlieue de Paris.
Yvette les accompagne, car Leba et Maria ne parlaient pas bien français et auraient risqué de se faire repérer.
Le 20 octobre, c’est le gardien de la paix C…, sous les ordres du Commissaire au Contrôle des cartes d’identité de la gare de Dax, qui les arrête et les conduit au commissariat.
Le groupe se serait fait prendre car Maria avait conservé son étoile jaune dans son sac …
Albert, le frère aîné de Rachel, s’en voudra toute sa vie de ne pas être allé chercher sa mère et sa sœur à Paris pour les emmener à Marseille chez Madeleine, la sœur aînée…
Lors du contrôle, la petite Gaby a réussi à se cacher sur le quai de la gare. Récupérée par une famille, elle a pu retrouver la sienne ensuite. Elle n’a plus jamais voulu évoquer cette période.
Au commissariat, les femmes sont interrogées durement jusqu’à 2 heures du matin, puis à nouveau à partir de 6 heures. Au bout de trois jours, épuisées, elles finissent par avouer qu’elles sont juives.
Yvette a été torturée pendant son interrogatoire mais n’a rien lâché et fut relâchée. Elle était enceinte (son fils nait à Montauban le 12 décembre).
Le commissaire S… les fait alors conduire à la Gestapo du Boulevard de Cuyès.
Au début de l’année 1945, dans le contexte de l’épuration, il dit au gardien de la paix C… : « au sujet des femmes juives, vous pourriez avoir des ennuis, il faudra dire qu’elles vous ont été remises par le Chef de Gare allemand et que la Gestapo est venue les chercher au commissariat ».
Leba, Maria et Rachel ont été transférées au camp de Mérignac, puis à Drancy et et déportées sans retour à Auschwitz et Sobibor, où elles ont été assassinées.