L’image
21 août 1944, 10h30, la foule a envahi la place de l’Hôtel de Ville (devenu ensuite bibliothèque, puis résidence). Le balcon du théâtre municipal s’est également garni. On note quelques drapeaux tricolores.
Toutes les traces de l’Occupation n’ont pas encore disparu : On peut noter sur les murs des halles, plus ou moins arrachées, les affiches de propagande des organes collaborationnistes, de plus en plus actifs en 1944 (même s’ils n’ont jamais rencontré beaucoup de succès dans les Landes…), la Milice ou bien le Parti Populaire Français : « Contre le communisme », « Où sont les assassins ? », « Sus aux planqués… » (« Un But la Paix, un moyen le Travail » et « La Croix Rouge française ouvre la porte à l’espérance » sur d’autres photographies).
Sur l’ardoise devant les grilles des halles, sous les arcades, on peut distinguer l’inscription « Ce soir distribution d’eau (lecture incertaine) de 18h30 à 19h », qui rappelle les restrictions liées à l’Occupation.
Bientôt vont résonner « La Marseillaise », « Le Chant du Départ » et « La Marche Lorraine », hurlés à pleins poumons et accompagnés par l’Harmonie Municipale.
L’histoire
A la mairie, un vin d’honneur est servi.
Louis Papy
Tout ce bon peuple de Mont de Marsan exprime en criant, en courant de façon désordonnée son bonheur d’être délivré d’une si longue et si pesante oppression. On chante la Marseillaise à tue-tête… Surprise! Au balcon de l’hôtel de Ville, devant la place noire de monde, apparaît Monsieur le maire Larrieu. Il est flanqué de deux officiers des armées alliées, un capitaine écossais (sic) et un capitaine américain, parachutés dans la région. A l’adresse de ceux-ci monte de la foule une acclamation puissante. Le Maire parle et gesticule. Il explique que pendant l’Occupation, il a fait ce qu’il a pu et qu’il se retire pour faire place à un plus jeune. Monsieur le Maire, qui eut de fort bonnes relations avec les officiers de l’armée d’occupation -« ils étaient si corrects »-, embrasse avec effusion les officiers des armées alliées. On applaudit… Comment n’applaudirait-on pas? Voilà qui est bien joué! Ainsi s’achève un long règne municipal. Ma foi, le départ s’est fait en beauté.
Pendant le vin d’honneur, on entend des tirs venus de la base aérienne… Quelques coups de feu sont aussi tirés du côté de la prison, et « face à l’église de la Madeleine » : des Miliciens tirent leurs dernières cartouches depuis le Crédit Commercial au passage du défilé des F.F.I., venus du Sablar.
Une réception a ensuite lieu à la Préfecture. Le radio américain Gruen, de la « team Jedburgh », est installé dans les soupentes de la préfecture. Le climat est tendu.
Notons que les Allemands ayant quitté Mont-de-Marsan la veille sont encore à Cère (à 18h, ils seront accrochés par les hommes du capitaine Croharé).
René Estève fait part de ses inquiétudes face aux faibles effectifs F.F.I. en place, pour le cas où les Allemands reviendraient. Une mission, envoyée le matin en reconnaissance à Dax, revient avec la nouvelle qu’une colonne allemande est massée à Saint-Paul-lès-Dax. On pense/espère encore qu’elle va se diriger plein Nord vers Bordeaux…