Il y a 80 ans : parachutage, sabotages et répression à Mugron

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Un groupe de résistants se forme à Mugron en septembre 1943 autour de René SOUBAIGNÉ, né en 1894 à St-Vincent-de-Paul, directeur d’école.  25 personnes environ, la plupart sont socialistes. D’abord rattaché à l’O.C.M./Armée Secrète il entre en liaison avec le chef du S.O.E. de Bordeaux, Roger LANDES alias « Aristide », en février 1944 par l’intermédiaire de Gaston SOUARN (chef des résistants de la région de Mugron) et Marius LASSABE (32 ans, maraîcher). Aristide se rend à Mugron. Le groupe est désormais actif et en liaison avec Léon des Landes.

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1946 Des membres du groupe de résistants de Mugron de réunissent : Bats, Lapouble, « Aristide », Lassabe, Soubaigné et Souarn

Le 8 mai 1944, au signal codé entendu à la radio (Le chien est mon ami), et après deux tentatives infructueuses, c’est le parachutage d’armes et de munitions tant attendu, dans le bois de Lourquen, au bord du Louts (le comité de réception de 12 résistants se retrouve à la métairie Balide).

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Emplacement du parachutage

Ce sont 3 tonnes d’armes qui sont reçues et dissimulées dans un taillis de ronces au bas de la métairie toute proche de « Pridet » (17 containers de fusils-mitrailleurs, mitraillettes, fusils, carabines américaines, révolvers, arbalètes anti-tanks, caisses de munitions, explosifs, poste radio récepteur, chocolat, corned-beef, etc., dont les notices, en anglais, sont traduites par le normalien Henri DEYRIS).

Mais l’avion a été repéré, et le 10 les Allemands sont en alerte, ils investissent la zone au nord de Mugron, arrêtant 28 personnes, fouillant les bois (ils s’approchent à moins de 500 mètres du dépôt d’armes).

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Rapport des Renseignements Généraux sur les arrestations du 11 mai 1944 – Archives départementales des Landes

Début juin, à l’annonce du débarquement entendue sur les ondes de la B.B.C., un maquis se forme dans le bois de Lourquen, où se regroupent les résistants de la région (70 à 80 personnes), des lignes téléphoniques sont sabotées. Le 6 au soir, les Allemands et la Milice mènent une première opération répressive à Mugron, pillent des maisons, arrêtent les épouses des résistants. Les trois sections de résistants se replient sur Caupenne (où les armes sont transférées), Souprosse (chez le cantonnier Emile DUROU) et Larbey. Quelques résistants rejoignent leur domicile et reprennent leur activité professionnelle dans le bourg de Mugron surveillé par la Milice et la Gestapo. Le 24, la voie ferrée Dax-Mont-de-Marsan saute à Montfort, le trafic est interrompu quelques heures. Fin juin/début juillet, deux membres de la Ligue des Volontaires Français contre le Bolchévisme et du Parti Franciste (deux organes collaborationnistes) sont enlevé pour l’un (il parviendra à s’enfuir), agressé pour l’autre.

Le 8 juillet à partir de 2h30 du matin, les Allemands, venus de Montfort, bien renseignés, aidés par la Milice, organisent une nouvelle opération contre les groupes de résistants de la région de Mugron. La gendarmerie est cernée, le téléphone coupé.

Une quarantaine d’Allemands et de Miliciens cernent la métairie de Laleye/Lalleye où Daniel SAUBUSSE, malade, est alité. Il tente de fuir vers un bois à la faveur de l’obscurité, mais est abattu à 50 mètres de chez lui. Sa maison est pillée.

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Daniel SAUBUSSE

D’autres personnes sont arrêtées et détenues dans la maison « Birouca » (quartier de Soube, près du bourg) : Mme SAUBUSSE (née Suzanne ALBERT), son bébé de 2 mois et sa soeur, Mme Camille ROUEDE (née Louisette DECLA),dont le mari s’enfuit, Jean DANGOUMAU (surpris dans son sommeil), Jean-Baptiste MARIMPOUY (46 ans) et ses deux fils Constant et Gabriel (18 ans), Francis FURET et Henri CAMPAGNE (arrêté vers 10h dans son moulin de Clauzon).

Tous les bois de la région sont fouillés, à la recherche de maquisards et d’armes (à Laurède, Poyanne, Mimbaste, Caupenne). Les armes échappent aux recherches et seront transportées à Gouts, puis à Souprosse.

Dix-neuf personnes au total sont arrêtées ce jour-là. Après une vérification d’identité et des interrogatoires sommaires, dix d’entre elles sont relâchées, les neuf autres sont transférées à Montfort et maintenues en garde à vue.

Le 9, les opérations se poursuivent : Rachel SOUBAIGNÉ et Marcelle LASSABE sont poursuivies jusqu’à St-Loubouer. Le moulin de Clauzon est perquisitionné et pillé.

Le 10 à Mugron, c’est la maison « Balide », où vit la famille DEYRIS (résistants S.O.E.), qui est visée. Surpris au moment du repas, Jean DEYRIS est abattu, son épouse Louise et son fils Henri sont arrêtés, envoyés au Fort du Hâ à Bordeaux, et déportés. La maison est entièrement pillée.

Enfin le 12, dans le bois de Clauzon, les Allemands fusillent Jean DANGOUMAU et Henri CAMPAGNE, après les avoir torturés. Ils avaient dû creuser leurs tombes. Ils furent découverts au pied d’un chêne, au bord du Louts,  enterrés sommairement. La pointe du sabot d’Henri CAMPAGNE dépassait.

Les corps ne furent rendus que deux jours plus tard aux familles, qui furent autorisées à les inhumer au cimetière, mais sans cérémonie à l’église…

Leurs noms figurent sur des stèles érigées en 1946 en leur mémoire sur le lieu même de leur exécution. Les différentes stèles ont été ensuite regroupées pour constituer le Site du Souvenir de Clauzon (à Lahosse, à la limite avec Mugron et Saint-Aubin) comme symbole et mémoire de la Résistance et de la Déportation du canton de Mugron, inauguré le 12 juillet 2003.

Les victimes :

CAMPAGNE Antoine dit Henri

Né le 26 avril 1883 à Maylis, au Moulin du Bos, fils de Raymond, meunier, et de Marie Lalanne, lui-même meunier au moulin du Clauzon à Lahosse vers 1930, marié avec quatre enfants.

Résistant rattaché au SOE, homologué Résistance Intérieure Française (RIF).

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Le moulin du Clauzon – Blog Rosa Ducos

Arrêté sur son lieu de travail par la police allemande le 8 juillet 1944, emmené à Montfort pour interrogatoire et vérification d’identité, il est maintenu en détention. Torturé, il refuse de parler et est conduit, avec Jean Dangoumau, dans un petit bois près de son moulin du Clauzon, où ils doivent creuser leur tombe avant d’être exécutés le 12 juillet.

Il est inhumé à Lahosse. Il obtint la mention « Mort pour la France » et figure sur le monument aux morts de Lahosse.

DANGOUMAU Jean Alfred

Né le 22 janvier 1913 à Caupenne (Landes), fils de Jean-Baptiste, instituteur, et Anne Deyres. Chirurgien-dentiste, Jean Dangoumau était divorcé et avait un enfant.

Entré dans le groupe de résistants de Mugron (S.O.E.) le 1er juin 1944, il gagna le maquis le 6 juin 1944.

Devant régler des affaires pressantes, il quitte le maquis et est arrêté pendant son sommeil, à son domicile à Mugron, par la police allemande le 8 juillet 1944. Il est emmené à Montfort pour interrogatoire et vérification d’identité.

Torturé, il refuse de parler et est conduit, avec Henri Campagne, dans un petit bois près du moulin du Clauzon à Lahosse où ils doivent creuser leur tombe avant d’être fusillés le 12 juillet 1944.

DEYRIS Henri   

Né le 17 février 1924 à Mugron, fils de Jean, agriculteur, et de Louise Larrère. Il fut élève au lycée Duruy de Mont-de-Marsan, étudiant (élève-instituteur à l’Ecole Normale de Bordeaux).

Il appartient au groupe de Résistance de Mugron dès mars 1944 (pendant les vacances ?). Il gagne le maquis le 1er juin, ne le quittant que pour avertir son père du danger qui le menaçait.

Arrêté le 10 juillet 1944 à Mugron, maison « Balide », son père est abattu sous ses yeux par les Allemands. Il est lui-même interné au Fort du Hâ à Bordeaux, déporté le 9 août (« Train fantôme », transport parti le 3 juillet 1944 de Toulouse, dont il refuse de s’évader afin de ne pas quitter sa mère) à Dachau, où il arrive le 28, transféré à Mauthausen le 28 août 1944 (matricule 93937), puis Gusen, décédé le 17 mars 1945 à Mauthausen/Gusen.

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Le camp de Güsen

DEYRIS Jean

Né le 12 octobre 1900 à Mugron (Landes), fils d’Antoine Deyris et de Jeanne Marie Saubusse, Jean Deyris était métayer/agriculteur et marié en 1923 avec Louise Larrère, avec trois enfants (dont Henri ci-dessus).

Métayer, il appartient au groupe de Résistance de Mugron rattaché au SOE depuis sa création (10 mars 1943). Le 8 mai 1944 il participe à la réception d’un parachutage, cachant des armes chez lui.

Il gagne le maquis le 1er juin 1944 et participe à des sabotages.

Confiant dans les armes qu’il détient, il se refuse à gagner le maquis. Surpris par les Allemands qui font irruption dans sa maison de « Balide », route de Lourquen (quartier des Ayens), au moment du repas, le 10 juillet 1944, il est fusillé devant son logis. Sa femme Louise/Jeanne-Marie et son fils Henri sont arrêtés.

Une stèle fut érigée en 1946 à l’endroit même où il a été abattu puis transférée au Site du Souvenir, Mémorial du Clauzon à Lahosse inauguré le 12 juillet 2003.

LARRERE Louise

Née le 22 juillet 1901 à Poyanne, fille de Louis, cultivateur, et de Catherine Moulet.                    

Arrêtée le 10 juillet avec son fils (« arrachée par la force à son mari agonisant ») elle refuse de donner des renseignements et est déportée le 9 août à Dachau, où elle arrive le 28 (matricule 93892), transférée à Ravensbrück puis à Sachsenhausen-Oranienburg (usine Pertrix de Niederschöneweide, dans la banlieue de Berlin, fabrication de batteries, aujourd’hui Varta), où elle est libérée le 22 avril 1945 par l’Armée Rouge, épuisée et malade, rapatriée le 1er mai.

Elle est décédée le 10 décembre 1973 à Hagetmau.

SAUBUSSE Daniel

Né le 5 août 1916 à Nerbis, fils de Jean-Baptiste, facteur, et de Marie Dupérier. Epouse Suzanne Albert, 1 enfant de 2 mois. Mécanicien. Domicilié maison Laleye à Mugron.

Résistant S.O.E./F.F.I. au maquis de Mugron (juin 1944). Le 8 au petit matin, les Allemands investissent Mugron. Malade , il est alité. Il tente de fuir, mais est abattu à 50 mètres de chez lui.


Sources :

Archives du C.P.R.D.

https://incursionsdanslepassedelahosse.over-blog.com/2019/07/le-site-du-clauzon.html

Besselère (J.-P.), « Parachutage anglais en mai 1944 à l’intention du maquis de Mugron (Landes) et ses conséquences », Bulletin de la Société de Borda 2e trimestre 1995, pages 175-190.

https://www.tourismelandes.com/patrimoine-culturel/memorial-de-clauzon-pcuaqu040v50r22d

L’usine Pertrix de Niederschöneweide à Berlin est devenue un Centre de documentation sur le travail forcé pendant la Seconde Guerre mondiale (page en allemand, activer la traduction automatique).

Maitron des fusillés