André Schoengrun, ancien élève au lycée Duruy, déporté en 1942
Octobre 1939 22e Section d'Infirmiers Militaires

André Schoengrun, ancien élève au lycée Duruy, déporté en 1942

André Joseph Daniel Schoengrün (alias Schoengrun) est né le 3 janvier 1898 à Paris, 136 boulevard Magenta dans le Xe arrondissement, fils de Charles, (Polytechnicien, qui avait été attaché à la construction de la Tour Eiffel, puis inspecteur aux Chemins de fer du Nord), et de Jeanne Inès Léa Ulmo, mariés en 1897 à Mont-de-Marsan.


Par sa mère, née en 1874 à Mont-de-Marsan, il est apparenté à des familles juives montoises, bordelaises et bayonnaises (neveu du docteur Bernal). C’est sur une propriété de sa famille que le lycée Duruy avait été en partie élevé en 1866, et son parent Georges Dalmeyda fut professeur de grec au lycée.
Il est élève au lycée Duruy à partir de 1912 (classe de Seconde), c’est un assez bon élève. En 1913, il obtient son premier bac (Latin-Langues vivantes), mais en Terminale (Philo) il est exclu du lycée (avec 3 autres élèves) par le conseil de discipline du 23 mars 1915 (raison inconnue)…
Il est décrit comme un « aimable camarade ».


Étudiant en médecine, mobilisé en avril 1917, il est matelot-infirmier à Lorient (3e dépôt des équipages de la flotte) pendant son service militaire, puis promu médecin-auxiliaire.

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Fiche matricule d’André Schoengrun – AD 75


Externe des Hôpitaux de Paris, sa thèse de doctorat en médecine, soutenue en 1928 à Paris, est consacrée à « L’urétérostomie cutanée dans le traitement de la tuberculose réno-vésicale ».

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Installé à Paris, il habite avec ses parents 10 rue Trudaine dans le IXe arrondissement, puis successivement 40 boulevard Magenta (Xe), 29 rue de Clichy (IXe), dernier domicile (il y habite dès 1936 avec sa mère et une domestique landaise).
Il est membre de la loge « L’Homme libre ».
Il est mobilisé en 1939 à la 22e Section d’infirmiers militaires (Paris).

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Octobre 1939 – Caserne Mortier à Paris – 22e Section d’Infirmiers Militaires –


Début août 1940, sa mère vient se réfugier à Mont-de-Marsan (chez M. Lafontan place de la Madeleine, elle y habite encore en octobre).

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22 octobre 1940 – AD 40

Les biens de la famille Ulmo, propriété du Rond (acquise par la ville en 1943), métairies de Biscarrosse, Jouanot, Grand-Peyré, Petit-Peyré et Maucontent à Mont-de-Marsan et Mazerolles, furent « aryanisés » et placés sous administration provisoire en attendant d’être vendus (1941-1944).

La « rafle des notables »

Le 12 décembre 1941, 689 Juifs sont arrêtés à Paris à leur domicile par la Feldgendarmerie (gendarmerie militaire allemande), la SIPO-SD (police de sûreté et services de renseignements) et la police française. Ce sont tous des hommes de nationalité française et pour la plupart issus de milieux aisés. Ils sont d’abord rassemblés à l’École militaire où les rejoignent 54 Juifs étrangers arrêtés dans la rue cette fois-ci. La rafle du 12 décembre est la troisième de ce type. Elle est organisée à titre de représailles contre les actes de sabotage et les attentats dont sont victimes des soldats allemands. En fin de soirée, les hommes sont transférés en bus à la gare du Nord, prennent le train pour Compiègne et effectuent les 4 derniers kilomètres les séparant du camp de Royallieu à pied. Ils finissent par arriver à 2 heures du matin.
Les conditions d’internement imposées sont extrêmement pénibles : entre mi-décembre et mi-mars presqu’une centaine d’internés décèdent de malnutrition et de misère physiologique. Le sort des autres ne s’est amélioré que grâce à la solidarité des détenus. Le commandement militaire allemand en France souhaite disposer d’un effectif constant d’un millier de personnes susceptibles d’être déportées.
L’organisation du convoi est retardée par manque de trains. La priorité est en effet accordée à la déportation des Juifs allemands vers l’Est.


Le 27 mars 1942 à 19h40, sous le nom « d’Andreas SCHOUGRUN », avec 1112 hommes provenant des camps de Drancy et Compiègne, il est déporté dans le premier convoi à destination du camp de concentration d’Auschwitz. Les détenus font le trajet dans des wagons de voyageurs sous escorte allemande et française jusqu’à la frontière.
A son arrivée dans le complexe concentrationnaire, le 30 au petit matin, il reçoit le matricule 28356.
En 5 mois, 91,6% des déportés décèdent. En 1945, 32 hommes avaient survécu.

André Schoengrun est décédé le 24 avril 1942 à Auschwitz, un mois après son arrivée.

Dès juin 1945, sa « fiancée » (non dénommée) dépose une demande de recherches sur son sort auprès de l’Armée américaine et de l’UNRRA (United Nations Relief and Rehabilitation Administration, Administration des Nations unies pour les secours et la reconstruction) (son dossier est clos en juin 1948).

Son acte de décès fut transcrit le 17 juin 1949 dans les registres d’état-civil du IXe arrondissement.
Attribution de la mention « Mort pour la France » le 28 septembre 1953.


Mention « Mort en déportation » le 15 avril 2000 (Journal Officiel du 24 juin 2000).
Il figure sur le monument aux morts de Gennevilliers (92) sous le nom de « SCHOENBRUN Joseph » (à quel titre ?).