Elles sont nées respectivement les 27 juillet 1929 et 24 juin 1930 à Talence (33), 33 chemin Banquey (chez la sage-femme, aujourd’hui rue Lamartine), filles de Gershon/Jean (entré en France en 1924, naturalisé en 1933 avec ses filles) et de Basia/Bassia Mokron, commerçants forains en bonneterie (originaires de Brest-Litovsk en Biélorussie) 123, puis 233 rue Ste-Catherine à Bordeaux.
La famille habite Talence, puis Mont-de-Marsan (route de Villeneuve, puis 10 Rue St-Vincent-de-Paul) (1936-1942).
Léa et Rachel fréquentent le collège de jeunes filles de la Rue Pierre et Marie Curie.
Le père est autorisé à résider à Bordeaux-Caudéran, 150 Avenue de la République (immeuble lui appartenant) en mai 1942. Il dépose une demande de quitter le territoire français pour les Etats-Unis, qui lui est refusée.
Ne pouvant plus exercer leur activité professionnelle car victimes des mesures anti-juives, leur situation financière se dégrade et les menaces s’accumulent.
Avec l’aide de leur ancienne employée de maison, Mme Cabane, ils franchissent la ligne de démarcation dans la nuit du 10 au 11 juillet 1942 vers la Ferme du Conte (alias à St-Pierre-du-Mont) et sont hébergés par les Tauzia à la ferme Hillo à Benquet.
« Les pauvres petites, elles étaient si gaies, si gentilles. Léa, l’aînée, était très petite, d’une intelligence extraordinaire. Elle était adorable. Elle voulait tout savoir. Je m’occupais d’elles et du ménage pendant que les parents « faisaient » les marchés. Je me souviens les avoir amenées aux fêtes de Montaut et de Doazit où j’avais de la parenté. Elles étaient si heureuses et pleines de vie… Quand ils ont décidé de partir, monsieur Zawidowicz est venu me trouver pour que je leur fasse passer la ligne de démarcation. Avec eux, il y avait un couple d’amis. Nous avons franchi la ligne dans la nuit vers la ferme du Conte. Je connaissais l’endroit et j’étais jeune. Quand nous nous sommes quittés, les petites pleuraient, mon Dieu, comme elles pleuraient ! J’ai proposé de les garder chez moi mais leur père pensait qu’elles seraient plus en sécurité en zone libre. Je n’ai plus jamais eu de nouvelles ».
Témoignage de Gabrielle Cabane [1]Amis de la Résistance A. N. A. C. R., Les enfants juifs raflés dans les Landes en 1942-1944, Mont-de-Marsan, 2006..
Réfugiés à Tarbes 8 cours de Reffye à la fin du mois d’août, ils y retrouvent leurs cousins bordelais (Zawidowicz et Ajzenberg).
Mais le 16 décembre 1942 à 22 heures, à l’Hôtel de France, avenue de la Gare à Annemasse (Haute-Savoie), Léa et Rachel sont arrêtées par les autorités douanières allemandes, avec leurs parents et 6 de leurs cousins, ainsi que 3 autres personnes. Les mères sont laissées à l’hôtel pour garder les 5 enfants. Les hommes sont emmenés à l’Hôtel Terminus, siège de la Douane allemande. Au total, une trentaine de Juifs qui cherchaient à passer la ligne de démarcation pour se réfugier en Suisse ont été arrêtés.
L’opération a été ordonnée par les autorités allemandes de police de Lyon, un mois après l’invasion de la Zone Non Occupée, et quelques jours avant l’arrivée des troupes italiennes…
Vers 1 heure du matin le 18, malgré les protestations des autorités françaises, tous sont emmenés à Châlon-sur-Saône (via Lyon ?) [2]Archives départementales du Rhône, 3335 W : https://archives.rhone.fr/ark:/28729/437lbkmd8csh/3972135d-5cb5-4818-93b1-ef9294a13830.
Elles n’ont donc pas été arrêtées dans les Landes.
Léa et Rachel, séparées de leurs parents sont ensuite hébergées/internées le 18 décembre 1942 au matin « chez les Sœurs » à Châlon-sur-Saône, 12 rue du Nord (aujourd’hui annexe du lycée Emiland Gauthey) Léa écrit que « Papa et maman sont malades » (ceux-ci sont sans doute détenus à la prison de Châlon). Elles s’y trouvent encore le 31 janvier 1943, lorsque Léa écrit à Léonie Clavé (de Cauna) qu’elles vont rejoindre leurs parents le lendemain et « partir en voyage ».
Le 1er février au matin, toute la famille est internée à Drancy
Le 5 février 1943, Léa envoie encore une lettre depuis ce camp (Escalier 9, 2e étage).
Les cousins sont déportés par le convoi du 11 février, les deux sœurs et leurs parents par le convoi n° 48 du 13 février 1943 en direction d’Auschwitz (« vers Metz » écrit Léa) et vraisemblablement assassinées dans une chambre à gaz dès l’arrivée du train à Auschwitz le 15 ou 16 février [3]Base de données des convois de déportation (Mémorial de la déportation) : https://stevemorse.org/france/cv/Notices.pdf#page=157.. Elles sont déclarées décédées le 18 février 1943 à Auschwitz [4]Arrêté du 4 novembre 1992 paru au Journal Officiel de la République Française le 24 décembre 1992 : https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000000726074..
Leur ayant-cause après-guerre est leur cousin Jacques Zavidovique, de Bègles.
Leur cousine Pesla Vartsky témoigne à Yad Vashem [5]Mémorial de Yad Vashem à Jérusalem. Fiches de témoignage de leur cousine Pesla Vartsky : https://yvng.yadvashem.org/nameDetails.html?language=fr&itemId=1514427&ind=1 et … Lire la suite.
Elles figurent depuis 2006 sur le Mémorial du Parc Jean Rameau.
Documents d’archives
Autres sources
↑1 | Amis de la Résistance A. N. A. C. R., Les enfants juifs raflés dans les Landes en 1942-1944, Mont-de-Marsan, 2006. |
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↑2 | Archives départementales du Rhône, 3335 W : https://archives.rhone.fr/ark:/28729/437lbkmd8csh/3972135d-5cb5-4818-93b1-ef9294a13830 |
↑3 | Base de données des convois de déportation (Mémorial de la déportation) : https://stevemorse.org/france/cv/Notices.pdf#page=157. |
↑4 | Arrêté du 4 novembre 1992 paru au Journal Officiel de la République Française le 24 décembre 1992 : https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000000726074. |
↑5 | Mémorial de Yad Vashem à Jérusalem. Fiches de témoignage de leur cousine Pesla Vartsky : https://yvng.yadvashem.org/nameDetails.html?language=fr&itemId=1514427&ind=1 et https://yvng.yadvashem.org/nameDetails.html?language=fr&itemId=1816756&ind=1. |