Léonce Dussarrat est né le 26 juillet 1904 à Dax, fils de Léon Hippolyte Maurice, tailleur d’habits, et de Marie Blondel.
Négociant en fer, il exploite avec un associé une quincaillerie d’une dizaine d’employés. Excellent tireur, durant son service militaire, il participe à l’instruction au tir des élèves-officiers des écoles de Saint-Cyr, Polytechnique et Centrale. Dans les années 1930, Léonce Dussarrat est un chrétien proche des idées du Parti Social Français du colonel de la Rocque. Jeune veuf avec un enfant, il se remarie avant-guerre. En 1940, il parvient à rejoindre Dax sans être fait prisonnier.
Avec quelques amis, dont le notaire Camille Bouvet, il commence par de « petites actions » de résistance à Dax. Ils taguent des croix de Lorraine sur des murs et font du renseignement. A ce moment-là, les résistants landais sont désunis.
Son associé, Léon Baraille, malade, lui révèle qu’il est le responsable départemental de l’OCM (Organisation Civile et Militaire) et lui demande de poursuivre son action. L’OCM est dirigée dans la région par André Grandclément, Léonce Dussarrat dirige l’antenne landaise.
C’est un moment charnière. André Grandclément est arrêté en 1943 par la Gestapo. Il va passer un marché avec la Gestapo : livrer les caches d’armes des résistants contre la vie sauve et la libération de sa femme et des prisonniers. Léonce Dussarrat refuse ce marché et ce refus assoie un peu plus sa légitimité.
Le 29 septembre 1943, déjà recherché, il assiste aux obsèques de son ami et associé, Léon Baraille et passe dans les bureaux de sa société. Deux hommes de main de Grandclément se présentent alors, tandis que celui-ci accompagné du gestapiste Wilhelm Dhose attend dans la rue. Léonce Dussarrat refuse de livrer ses armes à l’ennemi et échappe de peu à l’arrestation en sautant par la fenêtre. Dès lors, Léonce Dussarrat bascule dans la clandestinité.
Les déplacements dus à son métier et les très nombreuses connaissances qu’il a dans et hors le département des Landes, lui ont permis d’établir ses propres réseaux mais aussi de prendre contact avec d’autres réseaux déjà constitués : les réseaux Alliance, Andalousie, la filière d’évasion Comète, Libération Nord, les Corps francs de la Libération, Résistance PTT, Résistance Fer, le bataillon d’Armagnac du commandant Parisot et du colonel Monnet… Par l’intermédiaire de Henri de Mesmay, industriel et officier de réserve, Roger Landes, « Aristide », agent anglais du SOE et chef du réseau Actor, entre en contact avec Léonce Dussarrat et le nomme responsable pour les Landes (avril 1944). Grâce aux parachutages, Léon des Landes reçoit tout d’abord des explosifs puis des armes, qu’il peut cacher avant de les distribuer aux différents groupes sous ses ordres.
Des instructeurs itinérants du BCRA/SOE forment un petit groupe de résistants triés sur le volet réunis autour de Léonce Dussarrat aux techniques de la clandestinité, du renseignement, des transmissions, du maniement des armes puis de la guérilla.
Fin avril 1944, il reçoit les ordres écrits pour l’organisation de la guérilla et pour la création de maquis lors du débarquement. Dès la réception des messages d’alerte, Léonce Dussarrat réunit ses troupes de sédentaires, distribue armes et explosifs, organise l’instruction sommaire et lance les embuscades et les sabotages. Ces actions sont toujours à l’origine de comptes-rendus à Londres et à Alger dont les messages radiodiffusés reprennent parfois la teneur.
A Thétieu, le 11 juin, un bataillon de police allemande encercle le maquis qui a été constitué conformément aux ordres reçus. Léonce Dussarrat décide de la dispersion du maquis et piège le stock d’armes et d’explosifs avant de s’enfuir avec Michel Renaud par l’Adour. La réalité géographique des Landes montre que la constitution de maquis est impossible et Léonce Dussarrat continue son action avec des groupes très réduits de saboteurs.
Il joue un rôle déterminant dans les événements de juin à août 1944 qui aboutissent à la libération de Bordeaux, Dax et Mont-de-Marsan (combat du Pont de Bats). En août 1944, Léon des Landes est désigné chef départemental des FFI.
Le département des Landes est libéré le 28 août 1944.
Il réussit ensuite à regrouper les groupes disparates de maquisards pour créer le 34° Régiment d’infanterie (dont il est officiellement le chef de corps avec le grade de lieutenant-colonel), qui combat les Allemands dans leur dernier retranchement de la Pointe de Grave fin avril 1945, faisant prisonnier le colonel Prahl commandant la défense de la Festung.
La libération des Landes achevée, Charles Lamarque-Cando (Carlos dans la Résistance) est président du Comité départemental de la Libération, Léonce Dussarrat chef des Forces Françaises de l’Intérieur. Leur action énergique permet le rétablissement de la légalité républicaine en douceur, de dissoudre des groupes armés et surtout d’éviter une épuration sauvage.
Léon des Landes rencontre le Général de Gaulle à Bordeaux et Winston Churchill à Biarritz.
Revenu à la vie civile, il reprend son entreprise qu’il fait prospérer créant des succursales à Pau et Bayonne.
Chevalier de Légion d’honneur (décret du 28 juin 1945), Croix de guerre 1939-1945 (deux palmes et une étoile de bronze), Médaille de la Résistance avec rosette (décret du 3 janvier 1946), Médaille du roi Georges VI pour actes de courage dans la cause de la liberté, Léonce Dussarrat est décédé le 8 août 1976 à Anglet.
Sources :
- Archives départementales des Landes : Archives Léonce Dussarrat.
- Témoignage Michel Renaud.
- Pierre Chabot in CD-ROM La Résistance dans les Landes, AERI, 2008
- http://www.amicaledu34ri.fr/corps/association/actualite/journal/Leoncedussarrat.htm