La mémoire de la persécution des Juifs : le mémorial du parc Jean Rameau
Le mémorial, installé au Parc Jean Rameau à Mont-de-Marsan, sur un mur mitoyen du lycée Victor Duruy, a été élaboré en 2006. Initié par André Curculosse, président de l’association « Amis de la Résistance/ANACR (Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance) » des Landes, il a été conçu par deux enseignants du lycée, Jacques Cadilhon (Arts Plastiques) et Eric Fricot (SES), avec les élèves de la classe de Terminale Arts plastiques. Ces derniers ont imaginé de lui donner la forme d’une étoile de David brisée et incomplète, constituée de dalles portant les noms des enfants juifs arrêtés dans les Landes et déportés à Auschwitz (avec deux pierres sans noms pour symboliser ceux que l’on n’avait pas retrouvés ou que l’on ne retrouvera jamais…).
Réalisé par la mairie de Mont-de-Marsan, il est inauguré le 16 octobre 2006 par Lucie et Raymond Aubrac, à l’invitation de l’ONAC (Office National des Anciens Combattants) des Landes. Il est devenu un des principaux lieux de commémoration et de souvenir de la région.
Voir l’historique complet du mémorial
Autres lieux de mémoire
Mémoires résistantes
Samedi 4 septembre, l’inauguration du mémorial de la Résistance landaise à Téthieu a récompensé l’opiniâtreté de l’ANACR 40 et de son infatigable président, Jean Ooghe.
« Enfin ! ». Le cri du cœur, lancé par Jean Ooghe au début de son discours, résume la longueur de l’attente. Enfin, la Résistance landaise pourra célébrer ses martyrs dans un lieu unique. Au pied de l’église de Téthieu, 350 noms sont gravés dans la pierre, ceux des combattants morts au combat ou en déportation. Le monument, imaginé par le sculpteur Alain Huth, représente en son centre le déraillement d’un train, rappelant ainsi la destruction en gare de Laluque, le 27 juillet 1944, de 69 wagons de munitions par Henri Ferrand, un instituteur de 24 ans.
La commune de Téthieu n’a pas été choisie au hasard, comme l’a rappelé son maire, Alain Dubourdieu. Léonce Dussarrat, dit « Léon des Landes » y avait installé son maquis, regroupant une centaine d’hommes. Le 11 juin 1944, l’armée allemande lança l’assaut, en représailles à la mort de deux de ses soldats dans un accrochage. Léon des Landes fit sauter son dépôt de munitions, ce qui permit la fuite des maquisards. Mais sept d’entre eux périrent, tués au combat ou exécutés deux jours plus tard à Dax. Lors de l’inauguration du mémorial, une mitraillette Sten, abandonnée par un résistant, trônait sur la sculpture, pour rappeler cet épisode tragique.
Source : https://www.landes.fr/actualites/la-resistance-landaise-tient-son-lieu-memoire
Références :
Lasserre (R.), Les lieux de Mémoire de la Résistance et de la Déportation dans les Landes : un département marqué par son patrimoine mémoriel (Travail d’Étude et de Recherche en Histoire Contemporaine, 2014-2015), http://www.reseaualliance.org/medias/files/lm-40.pdf
Dupau (G.) et Camp (F.), Résistance et déportation. 1940-1944 dans le département des Landes par les stèles, les plaques, les monuments
Stèles, mémoriaux et plaques
Mémoires des camps d’internement
Mérignac-Beaudésert
Une première stèle, inaugurée en 1985, portait l’inscription :
Camp d’internement de Mérignac Beaudésert. 1941-1944. Plus de douze cents Résistants internés Politiques Juifs, réfractaires au STO ont séjourné dans ce camp avant d’être dirigés vers Drancy et les camps de la mort ou d’être exécutés comme otages au camp de Souge.
Une nouvelle stèle stèle est inaugurée en 2016, portant une inscription plus complète :
Gurs
Après la Libération, le camp sert de lieu de détention pour des collaborateurs et des prisonniers allemands. Fermé le 31 décembre 1945, le site est radicalement transformé dès 1946 avec la vente et la destruction des baraques, puis la plantation d’une forêt qui tente de rejeter dans l’oubli l’histoire d’un camp administré par les autorités françaises du premier au dernier jour de son existence.
Devenu simple forêt et tombé dans l’oubli jusqu’en 1962, il est aujourd’hui un lieu de mémoire important. Les installations mémorielles permettent de mieux appréhender l’histoire du camp de Gurs.
1962, le cimetière du camp
Il rassemble plus d’un millier de tombes des internés morts au camp de Gurs entre 1939 et 1943. Restauré en 1962 par les villes et le Consistoire israélite des pays de Bade, il comporte deux stèles : l’une en hommage aux Espagnols et Brigadistes, et l’autre dédiée à la mémoire des Juifs, pour la plupart expulsés par les nazis du pays de Bade en octobre 1940 avant la décision de la solution finale.
Fondée en 1980, l’Amicale du Camp de Gurs a vocation à regrouper tous les anciens internés, leurs familles, leurs amis et sympathisants.
Deux cérémonies se déroulent au Mémorial National : Souvenir des Déportés, fin avril, et Journées contre le racisme et l’antisémitisme, mi-juillet, en présence des Autorités françaises, allemandes et espagnoles.
La motivation profonde des membres de l’Amicale est de faire connaître l’Histoire de ce camp, de faciliter le travail de mémoire et surtout de rappeler aux jeunes générations et aux adultes que les valeurs démocratiques sont fragiles et qu’il convient de les préserver sans cesse.
Ce travail est essentiellement dirigé vers les scolaires et les étudiants : expositions, conférences, témoignages, projections, diffusion de plaquettes, édition de livre pédagogique leur sont destinés.
1994, le Mémorial national
En 1994, le site de Gurs est choisi comme l’un des trois lieux de mémoire nationaux de l’histoire de Vichy, aux côtés de la Maison des enfants d’Izieu et du Vél’d’Hiv.
Le mémorial national, inauguré solennellement le 14 octobre 1994 par le ministre des anciens combattants Philippe Mestre, est conçu par l’artiste israélien Dani Karavan comme un parcours de réflexion en trois temps sur l’internement dans les camps de Vichy :
- A l’extrémité de la route centrale du camp, la charpente d’une baraque rappelle au visiteur les rudes conditions de vie des internés, entassés à plus de soixante dans ces étroits bâtiments.
- Une voie ferrée longue de 180 mètres part de cette baraque pour symboliser l’ultime voyage vers les camps de la mort, dernière destination de nombreux internés Gursiens.
- A l’entrée du camp, les rails viennent s’échouer sur une dalle de béton entourée de barbelés représentant les camps de concentration et centres d’extermination nazis.
Années 2000, la route centrale du camp et les chemins adjacents
Reliant l’ancienne entrée du camp située sur la route de Mauléon et le cimetière, la route du camp s’étend sur près de deux kilomètres, parallèlement à la D 936. De part et d’autre de cette route centrale, d’anciens chemins pavés par les internés avec les galets du gave d’Oloron sont encore visibles. Au milieu des arbres et des fourrés qui recouvrent désormais le site, le visiteur peut également découvrir un travail de mémoire réalisé en 2002 par des classes de Terminales d’un lycée professionnel des métiers du bâtiment. A l’image des anciennes baraques en bois du camp, plusieurs « baraques virtuelles » édifiées au moyen de cordes rappellent que la forêt d’aujourd’hui ne doit pas dissimuler ce que fut le camp d’hier.
Des aménagements ont été réalisés sur le site de l’ancien camp. Inaugurées en septembre 2007, ces installations accueillent le grand public et les scolaires.
2011, l’Allée des internés
«Nous avons souhaité réaliser l’Allée des Internés pour redonner de l’importance à l’entrée historique du Camp de Gurs et afin d’éviter la prolifération de monuments commémoratifs sur le site. L’Allée des Internés regroupe, en un endroit symbolique et dans un lieu emblématique, des colonnes commémorant toutes les populations qui y sont passées », explique Antoine Gil, rédacteur en chef du bulletin de l’Amicale du Camp de Gurs et membre de l’association.
Les vingt-sept colonnes, érigées en quelques mois au cours de l’année 2011, sous les directives de l’architecte retraité Emile Vallès (également membre de l’amicale), ont ainsi pour vocation de rendre hommage à toutes les populations ayant souffert du Camp de Gurs, durant la Seconde Guerre mondiale.
« C’est probablement l’un des derniers lieux de mémoire construit dans le département et l’un des plus prestigieux », estime Emile Vallès. Inspiré de l’Allée de Nuremberg, l’Allée des Internés du Camp de Gurs se compose de 27 colonnes, représentant différents groupes et populations d’internés.
La dernière porte l’inscription « aux oubliés », « afin de n’oublier personne ».
Aucune colonne supplémentaire ne sera en effet rajoutée dans les années à venir.
« Le gouvernement central d’Espagne a payé une colonne pour rendre hommage aux Républicains internés et ainsi reconnaître les valeurs qu’ils défendaient pendant la guerre civile », explique Emile Vallès, qui précise que le drapeau républicain espagnol côtoiera le drapeau de l’Espagne démocratique, lors de l’inauguration de l’Allée des Internés.
Sources :
https://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/camp-dinternement-de-gurs
https://www.danikaravan.com/portfolio-item/france-homage-to-the-prisoners-of-gurs/
La mémoire des prisonniers de guerre « coloniaux »
L’histoire du camp de Buglose (commune de St-Vincent-de-Paul)
Une dizaine de baraques, fin des années 30, près de la gare de Basta sur l’emplacement actuel de la zone industrielle. Elles furent construites pour accueillir des femmes et enfants réfugiés fuyant la guerre civile espagnole. En septembre 1939 la guerre contre l’Allemagne est déclarée et se termine rapidement par un triste armistice le 22 juin 1940. Tous les combattants, y compris les « Coloniaux », prennent le chemin de la captivité vers l’Allemagne. Hitler avait besoin d’une main-d’œuvre bon marché. Hélas, en raison d’un climat continental rigoureux, nos Coloniaux se révèlent peu efficaces et de plus le risque d’un contact avec la population féminine est redouté. Il faut préserver une « race pure, aryenne ». Il est donc décidé de les transférer vers le Sud de la France.
En juillet 1940 140.000 prisonniers sont répartis dans 22 camps de travail dont 5 en Aquitaine (Poitiers, Saint-Médard, Bayonne Angoulême et Onesse-Laharie). Tous les détenus sont utilisés pour la construction du Mur de l’Atlantique, les travaux forestiers (poteaux de mines), l’extension de la base aérienne de Mont-de-Marsan. Ils sont répartis dans une trentaine d’Arbeitskommandos (groupe de travail commandé) installés dans le Sud-Ouest. Celui de Buglose dépend de Bayonne (Frontstalag 222).
Les baraques de Basta, après une rapide évacuation des Espagnols, accueillent les premiers prisonniers venant du Frontstalag (camp de travail) de Polo-Beyris de Bayonne. L’espace est étroit et l’occupant réquisitionne une douzaine d’hectares de forêt route de Laluque où il construit un très grand camp.
Une inspection réalisée par la Croix Rouge française recense entre juillet et novembre 1941, 598 prisonniers d’origine marocaine, algérienne, sénégalaise, malgache, ivoirienne, guinéenne, soudanaise, dahoméenne, indochinoise…
Après la Libération et jusqu’en 1948, des prisonniers de guerre allemands sont détenus à Buglose, dans des conditions terribles.
En 2009, le tempête Klaus révèle des vestiges du camp, et une association se forme pour le restaurer.(Source : site Mémoire du camp de prisonniers de Buglose : https://www.campbuglose.com/index.php)
Sources et liens :
Schemmel (J.) et Houpeau (P.), Des barbelés à Buglose, Société de Borda, 2018
Emission sur France Culture « Des pins et de la sueur » (2 épisodes) : https://www.franceculture.fr/emissions/une-histoire-particuliere-un-recit-documentaire-en-deux-parties/des-pins-et-de-la-sueur
Reportage vidéo (TVPI) : https://www.sudouest.fr/lachainetvpi/a-la-une/videos/2023/03/24/qr3fuqr
Les prisonniers oubliés. Les camps de prisonniers dans les Landes ; https://lesprisonniersoublies.wordpress.com/
Archives départementales des Landes : https://archives.landes.fr/article.php?larub=146&titre=camps-de-prisonniers-de-guerre-indigene