Adrien Théodebert Agésilas est né le 5 mars 1901 à Fort-de-France, route de Balata (Pont-de-Chaînes), fils de Léonel-Josine, charpentier, et de Jeanne Pierre-Félix, couturière.
Il obtient son Certificat d’Etudes Primaires et devient menuisier.
Il a un fils d’une première union, né en mai 1919 à Fort-de-France.
Il fait son service militaire à la Compagnie d’Infanterie Coloniale de la Martinique (avril 1921), et embarque à Fort-de-France en juin 1921 pour la métropole. Il est intégré dans divers Régiments d’Infanterie Coloniale (R.I.C.), et gagne le Levant (Liban-Syrie) en 1921-1922. Il est rapatrié en 1923 (aurait été atteint de paludisme). Il se rengage dans un R.I.C. et, en juin, fait partie de l’Armée d’occupation du Rhin (Allemagne), puis est en poste à Cherbourg. Il est nommé caporal en mai 1924 et passe « aux colonies », au Dépôt de transition du Dahomey (Bénin) (où il souffre de paludisme). Nommé sergent en août 1925, il intègre différents Régiments de Tirailleurs Sénégalais (R.T.S.) ou R.I.C., en tant que caporal-menuisier et charpentier (sapeur). Il rejoint la métropole en 1928 (rapatrié pour fin de séjour, fatigue générale et anémie). Il effectue ensuite un séjour de 6 mois en Martinique (sans doute pour repos et fiançailles…). Il poursuit sa carrière militaire et devient sergent le 1er décembre 1928 après un stage à Rochefort (Charente-Maritime).
C’est là qu’il épouse en septembre 1929 Noëla Geneviève Luce-Antoinette (née en 1903 à Fort-de-France), couturière. Le petit Alban, nait l’année suivante. Ils habitent 77 rue Denfert-Rochereau.
C’est ensuite un nouveau séjour outre-mer, au Sénégal (1930-1933), où il est rejoint par son épouse et son jeune enfant. Retour à Rochefort. Il est alors décoré de la Médaille Coloniale (octobre 1934) et de la Médaille Militaire (décembre 1935), avant un nouveau séjour dans les colonies, au Gabon (1936-1938), où il est instructeur pour un Bataillon de Tirailleurs Sénégalais.
Il est ensuite promu adjudant et intègre le 14e R.T.S., stationné à Mont-de-Marsan (mais il est détaché à Mérignac et habite Pessac). Il est à ce moment décoré de l’Ordre de l’Étoile Noire (février 1939).
Mobilisé le 3 septembre 1939, il rejoint le dépôt du 14e R.T.S. le 10 mars 1940 et part aux Armées en renfort du 483e Régiment de Pionniers Coloniaux, sur le front Nord-Est. Puis il se trouve à Lyon le 2 juin 1940, à Châteauneuf-du-Rhône, remonte ensuite dans le Vercors (Drôme) et à St-Romans (Isère). Après la signature de l’armistice du 22 juin, il est démobilisé le 26, stationné au Camp de Sathonay (14-21 juillet), au nord de Lyon, et enfin au Centre de Transmission des Troupes Indigènes et Coloniales n° 2/25e B.T.S. le 8 août, à Maury et Rivesaltes (Pyrénées-Orientales).
Il est renvoyé dans ses foyers le 15 septembre (départ de la gare de Perpignan). Libéré du service militaire le 18 septembre (mis à la retraite par anticipation avec le grade d’adjudant), il se retire Villa Les Platanes (chez Mme Vallade), route de Bordeaux à Mont-de-Marsan, où il rejoint son épouse et le petit Alban, 10 ans.
Il devient alors employé comme menuisier aux Usines Hinard (Molesini), situées près de la base aérienne, à partir du 24 octobre 1940. Son épouse y travaille aussi.
Il est engagé dans la résistance à partir de février 1944, au groupe de St-Avit au nord-est de Mont-de-Marsan (105 hommes), rattaché à l’A.S. (Armée Secrète), Groupe de Léon des Landes, et nommé le 10 mars par Marcel Pruvost alias Pépé alias Perrot (chef du groupe), chef de section et instructeur, avec le grade de lieutenant, et sous ses ordres 35 hommes. Il intègre les F.F.I. après le débarquement, où ses services sont homologués du 1er juillet au 22 août 1944.
Il participe aux actions suivantes : « Vol au dépôt d’essence du camp d’aviation, sabotage de 2 quadrimoteurs allemands à la base aérienne de Mont-de-Marsan (23 mai 1944), sabotage d’un poste-émetteur à l’explosif (lieu-dit Poyaler) (20 juin 1944), transport d’armes de Parentis-en-Born à St-Avit (10 juillet ?), protection des groupes opérant aux abords de la base aérienne, protection pendant l’attaque des miliciens abattus entre Le Caloy et Roquefort (juillet), désamorçage des dépôts de munitions des bois de pins communaux de St-Avit (à Menoy, Lagoueyte, Raouset) (août), libération et défense de Mont-de-Marsan, opérant dans les secteurs de St-Avit, Lucbardez, Cère, Canenx, Hagetmau ».
Après les combats du Pont de Bats et la libération de Mont-de-Marsan le 21 août, il est envoyé avec son groupe au Pays Basque pour le contrôle de la frontière espagnole en septembre et octobre (Bayonne, Hasparren, Itxassou, au « château » Etxe Doya).
La famille habite désormais la Villa Soussouille, Route de Bordeaux.
Engagé volontaire pour la durée de la guerre au 34e R.I., reformé par Léon des Landes en octobre 1944 (au 2e Bataillon de marche, initialement en réserve du Front de l’Atlantique), il est affecté au Corps franc du 34e R.I. jusqu’au 16 novembre 1945. Il est chef de section à la 5e compagnie.
Il effectue un stage d’officier au Pyla du 9 février au 23 mars 1945 (avec comme instructeur le futur Général Bigeard), est nommé sous-lieutenant F.F.I. le 23 février, et participe ensuite à la campagne du Médoc et de la Pointe de Grave du 1er mars au 20 avril (en particulier aux opérations du 13 au 20 avril 1945). Le 20 avril, la brigade (dont le 34e R.I.) du colonel de Milleret obtient la capitulation du dernier bunker de la pointe de Grave, au prix de lourdes pertes (près de quatre cents morts sur ce front).
Adrien Agésilas participe aux cérémonies officielles de la libération de la Pointe de Grave le 22 avril, et il peut, lors du vin d’honneur, approcher le général de Gaulle qu’il trouve « très grand et aussi très sympathique ».
Le sous-lieutenant Agésilas est cité à l’Ordre de la Brigade le 15 mai 1945 avec Croix de Guerre étoile de bronze (remise le 16 juillet à Vieux-Brisach) :
« Chef de section, a su par son allant maintenir le moral de ses hommes, alors que le 14 et le 15 avril au Château Canau (à St-Vivien-Médoc), sa position subissait un bombardement intense d’artillerie et de mortier allemands ».
Nommé sous-lieutenant de réserve le 1er juin 1945, il part pour la Zone d’Occupation française en Allemagne de juin à novembre. Il est commande alors la 4e Cie du 1er Bataillon jusqu’à la dissolution du 34e fin novembre.
Ses dernières affectations seront le 14e R.I. à Fribourg-en-Brisgau (25 décembre 45 au 1 janvier 46), puis le 5e Bataillon de Marche à Nantes (2 au 25 janvier 1946), et enfin le C.A.T.C. (Centre Administratif des Troupes Coloniales) n° 5 à Bordeaux (25 au 27 janvier 1946).
Il est démobilisé comme sous-lieutenant de réserve, et rentre dans ses foyers le 27 février 1946.
En 1948, c’est le retour en Martinique, la famille s’installe dans le quartier du Pont de Chaines à Fort-de-France.
Il est proposé pour la Légion d’Honneur en juin 1948, mais décède accidentellement le 9 avril 1949 à Fort-de-France.
Par décret d’octobre 1949, il est promu lieutenant (à titre posthume), à compter du 1er septembre 1947.
Son épouse rentre ensuite en métropole. Elle est décédée en 1993 à La Teste (Gironde).