« Personnalité parfois controversée, baroudeur et chevaleresque ».

Jean Joseph Etienne Valentin de Millreret nait le 19 mars 1908 à Montauban (82), 12 Grand’Rue Villebourbon, fils de René, sans profession, puis fonctionnaire de préfecture, et d’Anne-Marie Terrail, institutrice. Il a un frère, Robert.

carnot naissance i1689208 00416 — Acte de naissance

Avant la guerre

Elève officier de réserve, il accomplit son service militaire en 1928-1929 aux 83e et 14e Régiments d’Infanterie.

Lieutenant de réserve en 1931, il choisit de s’engager comme sergent en octobre 1931 et suit à Saint-Maixent les cours d’élève officier d’active.

Il épouse cette année à Montauban Renée Loisy (ils auront 5 enfants).

Sous-lieutenant en 1932, Jean de Milleret embarque pour l’Indochine en août 1934 et est affecté au 3e Régiment de Tirailleurs Tonkinois avant d’être promu lieutenant.

Il passe au 1er Régiment de Tirailleurs Tonkinois en août 1937 et prolonge d’une année son séjour à Hanoi avant de retourner en métropole. Il est, en 1939, lieutenant, commandant de compagnie, au 14e Régiment de Tirailleurs Sénégalais.

La guerre

En mai 1940 il est promu capitaine.

Blessé deux fois par balles le 14 et le 15 juin 1940, à Bazincourt (Meuse), il est fait prisonnier en dirigeant le combat d’une section de mitrailleuses. Il est conduit dans les hôpitaux de Bar-le-Duc, de Charleville-Mézières, de Bastogne (Belgique), puis en Allemagne. Le 15 septembre 1940 il passe à l’Oflag III C. Le 30 août 1941 il est rapatrié comme grand blessé vers les hôpitaux de Toulouse puis de Tarbes.

Résistance

En décembre 1941, à 34 ans, Jean de Milleret, devient chef du groupement 27 des chantiers de la jeunesse Française en Ariège, dont le quartier général est installé au château de Bénac.

« Le 20 juin 2000 une stèle, située face à l’entrée de l’église de Bénac, a été inaugurée au cours d’une cérémonie organisée par l’association des anciens des chantiers de la jeunesse, en souvenir de ce résistant que fut Jean de Milleret ».

Ces camps institués par le gouvernement de Vichy furent souvent le foyer de mouvements de résistance. Jean de Milleret y entame une campagne de propagande patriotique et d’encouragement à la résistance à l’égard des jeunes du chantier, entreposant du matériel de guerre, cachant des véhicules dans les forêts.

Bénéficiant d’une assez grande liberté de circulation il lui est aisé également de transporter clandestinement des personnes dont l’évasion est nécessaire et urgente.

En février 1943, il est révoqué de son poste pour “activités antinationales” et, alors qu’il envisage de s’évader par l’Espagne pour rejoindre les Forces françaises libres, il entre en relation avec le capitaine de Barry, responsable local de l’Organisation de Résistance de l’Armée (ORA). Constatant alors le manque criant de cadres militaires au sein des organisations de résistance, il décide finalement d’entrer à l’ORA, dont l’organisme local est le Corps Franc Pommiès (mars 1943). Chargé de recruter et commander le groupement Nord sur les départements du Lot-et-Garonne, du Tarn-et-Garonne et du Lot, il rencontre rapidement des difficultés. Dénoncé en septembre 1943 et traqué par la gestapo, il est déplacé à Auch.

Maquis et lutte armée

Il crée en octobre 1943 le groupement ouest, qui couvre le sud de la Gironde, le Lot-et-Garonne, le Gers, les Landes et le nord des Pyrénées-Atlantiques. De novembre 1943 à mars 1944 il a comme rayon d’action Auch et, en théorie, la côte Atlantique, du Pays Basque jusqu’au Bassin d’Arcachon. Il crée, organise et commande le Groupement ouest du Corps Franc Pommiès (est-Landes, avec comme lieutenants Puchulu pour la région de Mont-de-Marsan et Dangoumau pour le secteur d’Aire-sur-l’Adour).

Jean de Milleret reçoit l’ordre, à la fin du mois de mars 1944, de prendre contact avec le maquis de Panjas, et il met en place la Brigade Carnot (nom de guerre choisi par Jean de Milleret le 6 juin 1944) dont il assure le commandement.

carnot milleret ecusson 7023 — Ecusson de la Brigade Carnot (c’est le blason de la famille de Milleret)

A partir du 1er juillet 1944 il est nommé chef FFI des Landes. Il est par la suite le chef unique de toutes les opérations militaires des Pyrénées à Bordeaux (Léon des Landes gardant la mainmise sur le territoire landais). Il prend ainsi part au sabotage de l’Arsenal de Tarbes le 25 mai 1944. Ses P.C. successifs sont installés à Barcelonne-du-Gers, puis St-Mont. La « Brigade » intègre de nombreux volontaires qui forment les sections Vaxelaire, Sarraute Eychene, Allavena, Naud-Claverie, Malvaux et Croharé. Ils participent aux combats d’Aire-sur-l’Adour le 13 juin (17 morts), de Portet le 3 juillet (62 morts au combat ou fusillés, dont son frère Robert), de Viella les 26 et 27 juillet (13 morts). Le 6 août au Houga, le groupe perd encore 4 hommes. Puis c’est à Mont-de-Marsan le 21 août 1944 que Carnot est blessé par balle au Pont de Bats. Il essuie ensuite, toujours à la tête de sa « Brigade », des escarmouches quotidiennes avec les colonnes allemandes venant de Biarritz et de Pau.

Combats de la Libération

Après la libération de Bordeaux le colonel Carnot commence la campagne du Médoc.

0154 partition chanson brigade carnot copie — « Une marraine », chanson de la Brigade Carnot

La Brigade Carnot se compose alors de plusieurs unités :

Bataillon Claverie, des Landes, 450 hommes. Sert sur le front du Médoc. Versé pour partie au 34e RI.
Bataillon d’Aire-sur-l’Adour, dit Bataillon Aturin. Chef : capitaine Baradat. Rejoint fin octobre 1944 le front du Médoc. Versé, pour 240 hommes, au II/34e RI début 1945.
Bataillon Léon des Landes. Chef : capitaine Doussy. Versé au II/34e RI.
Bataillon Nord-Landais. Chef : commandant Lartigau. Versé, pour 270 hommes, au 34e RI.
Groupe d’Artillerie Carnot. Chef : capitaine Malabat. Formé en septembre 1944 au quartier Nansouty (Bordeaux) sous la forme d’un groupe d’artillerie. Monte en ligne sur le front du Médoc le 18 septembre 1944. Versé au 1er Régiment d’artillerie coloniale FFI le 2 novembre 1944 (qui devient 196e RA le 9 novembre).
Escadron Klein des Landes. Chef : capitaine Jean Klein, lieutenant Fontaine. Fort de 154 hommes, est en ligne sur le front du Médoc à compter du 12 septembre 1944. Devient 1er escadron (lieutenant Fontaine) du 2e groupe d’escadrons du 18e RCC le 1er décembre 1944.
Et de nombreux autres groupes non-landais.

Sa brigade, devenue bataillon car renforcée de plusieurs unités, mais qui conserve malgré tout le nom de « brigade Carnot », participe au siège de la « poche du Médoc » (la forteresse de la Pointe de Grave, où sont retranchés 4 000 Allemands). Ce sera la longue bataille du Front du Médoc (septembre 1944 – avril/mai 1945), gagnée au sol par les seules forces françaises et coloniales sous l’appellation officielle de « Forces Françaises de l’Ouest ».

Ils forcent ainsi les Allemands à se replier. Au mois d’octobre les troupes du général de Larminat arrivent en renfort. La Brigade Carnot devient alors la Brigade de marche Médoc, qui dépasse les 13 000 hommes. Il se trouve à la tête du secteur de la Pointe-de-Grave dit des Forces françaises de la Pointe-de-Grave ou FFGR depuis le 22 octobre 1944.

1944 08 03 ou 04 caserne nansouty 1 unite artillerie carnot dubrou malabat castagnet mothes — 1944Ccaserne Nansouty à Bordeaux, Unité artillerie Carnot (avec Dubrou, Malabat, Castagnet, Mothes)

carnot decembre 19442386244 4 1 — 1944Ccaserne Nansouty à Bordeaux, Unité artillerie Carnot (avec Dubrou, Malabat, Castagnet, Mothes)

Promu au grade de lieutenant-colonel en mars 1945, c’est à la tête de cette brigade qu’il se distingue dans les combats de la Pointe de Grave du 14 avril au 20 avril 1945. Le 19 avril, c’est lui qui hisse le drapeau français au sommet du phare du Verdon.

carnot milleret plaque 2 — Plaque commémorative

Après-guerre

Il est fait Compagnon de la Libération par décret du 28 Mai 1945.

carnot 7023 — « Distinguished Service Cross »

Après deux années à l’Ecole supérieure de Guerre, il est affecté en Argentine, à Buenos Aires.

Jean de Milleret prend sa retraite de l’armée en 1957 à Buenos Aires, où il devient historien et l’un des principaux biographes de l’écrivain Jorge Luis Borges.