Pierre Napoléon Poinsot
Pierre Poinsot

Pierre Napoléon Poinsot

Il nait le 27 janvier 1907 à Bouxières-aux-Dames (Meurthe-et-Moselle), d’un père mineur.
Après s’être engagé dans l’Armée de l’Air, il intègre la police en 1930. Il est nommé à Montbéliard, puis en Normandie, où il devient commissaire.

Il épouse à Nancy en 1929 Solange François.

Nommé à Bordeaux en 1938, dans la police spéciale de la préfecture, il se lance dans une chasse effrénée aux communistes (loi Daladier du 26 Septembre 1939 mettant les communistes hors la loi suite au pacte germano-soviétique).

Intelligent, ambitieux, il bénéficie, au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale,  de l’appui de Reige, directeur de cabinet du préfet. Adepte des théories de Maurras et de l’Action Française, Reige reconstitue le fichier des militants de gauche et engage farouchement la chasse aux communistes, aux syndicalistes, aux Francs-maçons, aux Gaullistes. Quant au préfet, Pierre-Alype, pétainiste convaincu, il applique de façon rigoureuse les circulaires et instructions du gouvernement de Vichy. Ils sont mutés en mai 1942 avec Reige (remplacés par Sabatier et Papon).

La S. A. P. (Section des Affaires Politiques) de Poinsot devient un organe essentiel et indispensable à l’occupant. La « brigade Poinsot », composée d’une vingtaine d’hommes, dont 15 inspecteurs et ses 2 frères Henri et Jean, pourchasse sans répit les résistants du sud-ouest de la France.

Ses bureaux, cours du Chapeau-Rouge à Bordeaux, se transforment en véritables salles de torture.

Poinsot devient ensuite commissaire aux Affaires Juives, puis travaille sous les ordres directs de la Gestapo.

En effet Dohse, de la section IV du KDS (Kommando Der Sicherheitspolizei und des Sicherheitsdierst), profite de ces bonnes dispositions pour accroître la coopération déjà existante entre la brigade Poinsot et ses services.

La collaboration est totale. Le S. A. P. établit, par exemple, une pré-liste de fusillés avec l’aide de collaborateurs et d’indicateurs.

Au total, ce sont plusieurs centaines de communistes, résistants, Juifs, qui sont victimes de la « brigade Poinsot » dans tout le Sud-Ouest (et donc dans les Landes), dont beaucoup ont été livrés directement aux Allemands.

Son « efficacité » fait nommer Poinsot, en mai 1944, à la sous-direction des Renseignements généraux à Vichy. Sa brigade s’installe à l’hôtel du Parc Lardy et « poursu[it] inlassablement et avec une férocité qui ne f[ait] qu’augmenter avec l’approche de la défaite allemande, l’œuvre de destruction commencée à Bordeaux ». La plupart des personnes arrêtées sont « frappées sans distinction d’âge, de sexe, ou de situation sociale, à coups de poing, de pied, de cravache, de nerf de bœuf, […]. Certaines [ont] la tête plongée dans l’eau jusqu’à évanouissement, d’autres [sont] pendues par les mains ou le cou et frappées […] avec un acharnement sauvage ».

Les résistants ne sont pas les seules victimes des hommes de Poinsot. Ces derniers mettent également un point d’honneur à poursuivre tous les Juifs qu’ils réussissent à localiser, après quoi, ils les font déporter et pillent leur appartement.

Avec la retraite allemande, en août 1944, Poinsot s’enfuit en Allemagne. En avril 1945, il entre illégalement en Suisse et tente de se mettre à la disposition des Français, espérant que cette initiative le sauvera. En vain. Il est arrêté le 24 avril ou 1er mai 1945, porteur de fortes sommes d’argent. Jugé le 15 juin 1945 à Moulins (Allier), il se montre alors très éloigné de tout sentiment de culpabilité, de tout remords : « Je n’ai jamais eu conscience d’avoir commis un crime, mais d’avoir travaillé avec honnêteté et sincérité ». Condamné à mort et à la dégradation nationale, il est fusillé le 12 ou 16 ou 21 juillet 1945, à Riom (Puy-de-Dôme).

Au moment de son exécution, il déclare: « Si j’avais su, j’en aurais fait bien davantage ».


Sources :