Elle est née le 15 janvier 1928 à Kozienice (Pologne), fille de Nuchem Dzik et de Gela Friedman, la sixième d’une famille de sept enfants : Israël (né en 1911), Maurice (1913), Samuel (1917), Maylich dit Marcel (1922), Fanny (1926), et Achille (né en France en 1931).
La famille s’installe en France en 1929 et réside à Paris dans le quartier de Belleville, au 10 du Passage Ronce dans le XXe. Ses parents parlent le yiddish. Non pratiquants, ils sont communistes. Sa mère, infirme, reste au foyer, son père, cordonnier, est de santé fragile. Son frère Israël rejoint les Brigades internationales en 1936 en Espagne. En 1939, il part en URSS. Maurice fait son service militaire en 1937. Il connaît la Drôle de guerre puis la Débâcle et se retrouve à Pau (Pyrénées-Atlantiques) avec son régiment en 1940. Marcel qui a répondu à une convocation dans le cadre de la « Rafle du Billet Vert », est interné au camp de Pithiviers (Loiret) puis déporté en juin 1942 à Auschwitz-Birkenau où il serait mort le 24 août 1942. Son frère Samuel est arrêté à Paris, envoyé au camp de Drancy, mais libéré pour raison de santé. Arrêté une nouvelle fois, tabassé au poste de police du quartier, il est hospitalisé à l’hôpital Tenon. De là, il est exfiltré par un réseau vers la Zone Sud. Il survit à la guerre.
Lors de la Rafle du Vel’ d’Hiv, ses parents et son frère Achille sont arrêtés le 17 juillet 1942. Internés au camp de Drancy, ils sont déportés par le convoi 19 parti le 14 août 1942 à destination du camp d’Auschwitz-Birkenau. Ils sont assassinés à leur arrivée.
Esther qui passait la nuit chez sa belle-sœur (l’épouse de Maurice) échappe à la Rafle. Elle se retrouve seule après que celle-ci ait été exfiltrée par un réseau communiste. Elle est recueillie durant deux semaines par la concierge. Avec son aide, elle entreprend de passer la Ligne de démarcation pour rejoindre son frère, à Pau (fin juillet). Le passeur rémunéré la mène jusqu’à Bordeaux (Gironde) mais l’abandonne. Elle prend seule un autocar pour Mont-de-Marsan. Sur place, elle est aidée par le chauffeur du bus et des habitants jusqu’à la ligne de démarcation, qu’elle passe seule, de nuit. Aidée ensuite par des fermiers de Grenade-sur-l’Adour, elle parvient à rejoindre en bus son frère à Pau et lui apprend la situation de la famille. Elle reste avec lui jusqu’en novembre 1942. Celui-ci ayant décidé de rejoindre la France Libre en Afrique, elle remonte à Paris. La ligne de démarcation n’existe alors plus.
A Paris, elle fréquente un temps le centre pour enfants de la rue Vauquelin (5e arrondissement), puis l’UGIF, rue Paul Albert (18e). Dans le courant de juillet 1943, envoyée faire une course dans Paris, elle est arrêtée lors d’un contrôle d’identité au métro Saint-Paul. La police l’identifie dans son fichier, et elle est internée au camp de Drancy d’où elle est déportée par le convoi 59 parti le 2 septembre 1943.
Au camp d’Auschwitz-Birkenau, elle fait partie des 338 personnes sélectionnées pour le travail sur les 1000 qui composent le convoi. Elle retrouve sa sœur Fanny et sa tante qui avaient été dénoncées et déportées par le convoi 46. Après la quarantaine, Esther est affectée à un Aussenkommando. Sa sœur parvient à la faire rentrer au Kommando de la Weberei (couture) où elle reste environ un an jusqu’à l’évacuation du 18 janvier 1945. Entre-temps, sa sœur décède au camp des suites d’une morsure de chien. Esther survit à une Marche de la Mort. Transférée au camp de Bergen-Belsen, elle y reste environ deux mois puis dans un autre camp avec 300 femmes avant d’être dirigée vers Mauthausen où elle est libérée le 5 mai 1945 par les Américains. Rapatriée en avion, elle se rend à l’hôtel Lutetia le 28 mai.
Ses parents, sa sœur Fanny, ses deux frères, Achille et Maylich dit Marcel, sont morts à Birkenau. Son frère militaire a survécu. Ayant réussi à rejoindre l’Afrique – après 8 mois de captivité en Espagne – et après être passé par Londres et Israël, il a participé à la libération dans la 2e DB. Il est resté vivre en URSS où il fut tailleur, tout comme son frère Samuel qui a vécu en France.
Esther Senot a témoigné de nombreuses fois, en particulier en décembre 2021 devant des élèves landais à Mont-de-Marsan.