Jeannette, Léon, Maurice et Simon Gryf (alias Griff)
Portrait des enfants Gryf - CDJC/Mémorial de la Shoah

Jeannette, Léon, Maurice et Simon Gryf (alias Griff)

Ils sont nés les 28 juillet 1933, 19 janvier 1941, 3 (alias 30) octobre 1935 et 18 novembre 1937 à Reims (Marne), enfants de Jankiel/Yankle/Jacques (engagé volontaire en 1939, réformé en 1940, passé en Zone non occupée, à Châteauroux, décédé en 1969) et de Charlotte Krejndla/Kraindel Wiernik/Wiernick (déportée avec ses enfants), commerçants nés en Pologne.

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Les parents des enfants Gryf

La famille, arrivée en France en 1929, naturalisée française, habite 173 avenue Jean Jaurès à Reims (51).

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173 avenue Jean Jaurès à Reims

Fuyant Reims le 18 ou 19 juillet 1942 avec leur mère (Voir la fiche de leurs cousins-germains Sztajner), ou bien après la vague d’arrestations à Reims du 20 juillet, et afin de rejoindre leur père [1]Amis de la Résistance A. N. A. C. R., Les enfants juifs raflés dans les Landes en 1942-1944, Mont-de-Marsan, 2006., réfugiés dans le Sud-Ouest (où ?) [2]Mémorial de la Shoah : https://ressources.memorialdelashoah.org/notice.php?q=fulltext%3A%28gryf%29%20AND%20id_pers%3A%28%2A%29&spec_expand=1&start=3., ils sont arrêtés avec leur mère, vraisemblablement dans la première quinzaine du mois d’août (peut-être le 18 août 1942, ce qui expliquerait qu’ils n’aient pas été incarcérés à Mont-de-Marsan mais transférés directement à Mérignac ; Michel Slitinsky dit qu’ils ont été arrêtés à Bayonne, le 15 ou 16 juillet… [3]Slitinsky (Michel), Procès Papon. Le devoir de justice, 1997.) en franchissant la ligne de démarcation (après-guerre, leur père donne la date du 20 août, puis du 25 « près de Bordeaux » par la Gestapo alias la Police allemande).

Il est donc difficile de préciser la date et le lieu exact d’arrestation de la famille Gryf…

Ils sont transférés avec leur mère à Mérignac le 18 août 1942 sur ordre de la feldkommandantur de Mont-de-Marsan.

Le 19, le directeur du camp informe la préfecture de la Gironde que les enfants Griff pourraient se retirer chez Mme Griff (leur tante), 6 rue Dérodé à Reims.

Ils sont néanmoins transférés à Drancy le 26, portés sur la liste du convoi du 30 août, rayés, puis finalement déportés le 7 septembre 1942 vers Auschwitz par le convoi n° 29.

Dans le train, Jeannette écrit à sa tante un dernier mot, jeté sur le quai au passage en gare de Reims, et qui est parvenu à cette dernière grâce à un cheminot : 

« Chère tante,

Je peux te dire qu’on nous a déportés de Drancy lundi et je ne sais pas où on va nous conduire. On t’a écrit que tu nous envoies un petit colis, mais ne l’envoie pas car nous [sommes] déjà partis. Si tu nous voyais, tu ne nous reconnaîtrais pas. On est (…) à (…) mort.

Chère tante (…) si tu reçois une lettre de Papa, écris le malheur de nous et je ne sais pas si on se reverra encore.

J’ai fait une grande bêtise de n’avoir pas pris la confiture de (…). On a pas de, on a rien à se mettre.

Tante, Maman (…) que tu fasses. Maman (…) que elle (…) elle suit partout.

Chère Tante, tu écriras à Papa ce que Maman a laissé chez les gens et ce qu’elle a fait avec Mme Marie.

Chère tante, tu seras bien gentille d’envoyer cette petite lettre à Papa. Papa, on te dit un bonjour pour toujours, un bonjour de nous tous et merci pour tout.

Pour Mme Gryff, 6 rue Dérodé 6 Reims »

Sources [4]https://uploads.knightlab.com/storymapjs/12b18670e764872a716954098ab54d18/jeannette-gryf/index.html, [5]Mémorial de la Shoah : https://ressources.memorialdelashoah.org/notice.php?q=fulltext%3A%28gryf%29%20AND%20id_pers%3A%28%2A%29&spec_expand=1&start=3. [6]Husson (Jocelyne), La déportation des Juifs de la Marne, 1999.

Ils sont vraisemblablement assassinés dans une chambre à gaz à leur arrivée à Auschwitz le 9 septembre 1942 [7]Base de données des convois de déportation (Mémorial de la Déportation des Juifs de France) : https://stevemorse.org/france/cv/Notices.pdf#page=115 et déclarés décédés le 12 à Auschwitz [8]Arrêté du 31 mars 1994 paru au Journal Officiel de la République Française le 17 mai 1994 : https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000000712804..

La lettre de Jeannette Griff a été retrouvée au domicile de sa tante Hanna Gryf. Déportée par le convoi 40 du 3 novembre 1942, elle aussi a péri au camp d’Auschwitz. La lettre est conservée par sa demi-soeur Ghislaine Lévy, qui l’a produite au procès Papon.

Leurs noms figurent sur la stèle commémorative de la synagogue et sur le monument des Promenades à Reims [9]Husson (Jocelyne), La déportation des Juifs de la Marne, 1999..

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Stèle à Reims

Ghislaine Gryf épouse Lévy figure parmi les plaignants au procès Papon (1997-1998).


Ils figurent depuis 2006 sur le Mémorial du Parc Jean Rameau.

Un lien vers une cartographie du parcours de Jeannette

Un lien vers une lecture de la dernière lettre de Jeannette GRYF


Documents d’archives

Autres sources

Autres sources
1 Amis de la Résistance A. N. A. C. R., Les enfants juifs raflés dans les Landes en 1942-1944, Mont-de-Marsan, 2006.
2, 5 Mémorial de la Shoah : https://ressources.memorialdelashoah.org/notice.php?q=fulltext%3A%28gryf%29%20AND%20id_pers%3A%28%2A%29&spec_expand=1&start=3.
3 Slitinsky (Michel), Procès Papon. Le devoir de justice, 1997.
4 https://uploads.knightlab.com/storymapjs/12b18670e764872a716954098ab54d18/jeannette-gryf/index.html
6, 9 Husson (Jocelyne), La déportation des Juifs de la Marne, 1999.
7 Base de données des convois de déportation (Mémorial de la Déportation des Juifs de France) : https://stevemorse.org/france/cv/Notices.pdf#page=115
8 Arrêté du 31 mars 1994 paru au Journal Officiel de la République Française le 17 mai 1994 : https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000000712804.