L’image
21 août 1944, les troupes des Forces Françaises de l’Intérieur, massées depuis la veille à l’entrée Est de la ville (Saint-Médard, Mont-Alma) font leur entrée en descendant la rue Léon Gambetta. La photographie est prise à l’entrée du Pont de l’Hôtel de Ville (actuel Pont Gisèle-Halimi), devant le Café du Commerce.
Les Résistants portent des vêtements, chaussures et armes disparates (on distingue des fusils, grenades et pistolets), ce qui montre la difficulté de s’en procurer (parachutages) et la diversité des maquis auxquels ils appartiennent. La plupart portent un béret. Ils ont été également rejoints la veille par un certain nombre de volontaires Montois.
On identifie sur les 2e et 3e hommes l’insigne du Corps franc Pommiès (une étoile noire à 5 branches ornée des lettres CFP tricolores) : ce sont des combattants de la « Brigade » Carnot.
Les drapeaux sont nombreux, aux balcons ou dans les canons des fusils. La foule est nombreuse, souriante, on distingue deux enfants qui semblent suivre le défilé et, au fond, devant l’ancienne kommandantur, les cornettes blanches de deux religieuses.
L’histoire
Les troupes de la Résistance présentes à Mont-de-Marsan en ce lundi 21 août appartiennent aux groupes de la région : Mont-de-Marsan, Villeneuve-de-Marsan, Roquefort, Cère, Geaune, Aire-sur-l’Adour. Elles peuvent être évaluées à environ 200 maquisards (peut-être plus, sans doute en comptant les « civils » montois et des soldats « coloniaux » libérés des camps de prisonniers de la région). Ils sont rattachés à deux grands mouvements :
- Le Corps Franc Pommiès (lié à l’Organisation de Résistance de l’Armée et au B.C.R.A. d’Alger), il s’agit du groupe commandé par Jean de Milleret alias « Carnot » : Groupement Claverie (Armand, de Villeneuve-de-Marsan, regroupé à Perquie)
- Compagnie L’Huillier, avec les « sections » Henri Dupouy, Pierre Laporte et « Jo » Tardits dit « Le Tatoué », 30 hommes environ.
- Compagnie de Rivière (Jacques), environ 30 hommes
- Compagnie Croharé (de Roquefort) (qui est d’abord engagée à Cère), avec la section Dubrou, soit 20 hommes (puis 31 ?).
- Le Corps Franc de la Libération (rattaché à l’Armée Secrète/F.F.I.) de Léon des Landes, une compagnie sous les ordres de Jean Gervais alias « Jean des Landes » :
- Sections de Latour (André) et Despons : 30 hommes environ.
Des civils ont reçu des armes entreposées dans l’immeuble de l’Automobile-Club, à la Caserne Bosquet et derrière l’école de St-Médard (parachutages).
Il est à noter également que les troupes F.F.I. ne disposent de pratiquement aucune coordination de commandement. Les différents groupes de résistants n’ont pas de liaisons entre eux.
Pendant que les autorités sont à la préfecture pour une réception, les groupes de Résistants sécurisent la ville : la Section Dubrou, basée face à la Clinique des Landes, patrouille à Ste-Anne, puis sur la base aérienne. Le groupe de Carnot se rend ensuite à la Caserne Bosquet… Des hommes (dont Laporte) sont postés aux Ecuries Kalley, près de la base. Ils seront relevés par la Section Dubrou et se dirigeront, par la voie ferrée, en avant du Pont de Bats.