La famille Sigman
Billet de train de Pontenx à Labouheyre 4 juillet 1942 (AD 40)

La famille Sigman

Le père, Moses/Moïse, est né le 14 décembre 1888 (ou bien, selon les sources, en 1886, le 29 décembre, ou le 14 novembre) à Leszniow (Autriche-Hongrie, aujourd’hui Ukraine), fils de Schulem Spilke et de Reisze/Reize/Reze Sigman.

La mère, Beila/Berta Schwarz, est quant à elle née le 18 juillet (alias le 15 mai) 1888 à Toporow (Allemagne, aujourd’hui Pologne), fille de Moses et Rebecca Schawrz. Ils ont 5 enfants.

Leur fille Toni naît le 7 novembre 1923 à Vienne (Autriche).

Moses est commerçant à Vienne, ils habitent au 17 Novaragasse, jusqu’à l’Anschluss en 1938.

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17 Novaragasse à Vienne

Réfugié à Bruxelles (Belgique), il y est rejoint par sa femme, qui a quitté Vienne le 19 mai 1938, et a gagné la Belgique via la Hongrie et Modane. Ils fuient à nouveau lors de l’exode en 1940 et arrivent « avec un train de réfugiés français » le 28 mai à Mimizan-Plage, où ils s’installent à la Villa La Cigale, rue de la Poste (alias de la Plage).

Beila est membre de la Légion des Femmes Etrangères Volontaires en France, affiliée à la Croix Rouge.

Enregistrés comme apatrides, ne survivant que grâce à l’allocation versée aux réfugiés, ils risquent l’internement dès avril 1941 [1]En Zone nord, pour satisfaire aux exigences du commandement militaire allemand en France et en application de la loi du 4 octobre 1940, le gouvernement de Vichy demanda aux préfets, le 28 avril … Lire la suite (le commandant de la brigade de gendarmerie de Mimizan, après enquête, conclut qu’on peut les considérer comme « en surnombre dans l’économie »). Cependant, l‘Inspecteur de la Police spéciale considère que « ce sont des gens qui se tiennent tranquilles, ils ne s’occupent pas de politique, et paraissent inoffensifs ». Néanmoins, le préfet propose une mesure d’internement, dans un camp du Loiret. Mais le préfet de ce département, sollicité, répond que ces camps n’accueillent que des hommes (tout comme le centre de séjour surveillé de Bayonne). Face aux difficultés soulevées et la perspective de séparer le père de son épouse et de sa fille, le préfet renonce « pour des considérations d’ordre humanitaire ».

Toni est ensuite enregistrée comme ouvrière, « charbonnière ».

Moïse et sa fille sont verbalisés pour « défaut d’insigne juive », condamnés par jugement du Tribunal de la kreiskommandantur du 2 juillet 1942 à 3 semaines de prison. Ils sont arrêtés le 3 juillet (à Mimizan ?), transférés le lendemain en train (dans un wagon de 3e classe réservé) par la gendarmerie de Pontenx à Mont-de-Marsan via Labouheyre, et incarcérés à la prison de Mont-de-Marsan à midi. Seul Moïse est libéré le 25 juillet à 11 h 45 (car trop âgé). Toni est quant à elle transférée à Dax par la feldgendarmerie, le 16 à 7 h, puis à Mérignac le 17, et à Drancy le 18 (cf. Rafle du Vél’ d’Hiv’).

Elle est déportée par le convoi n° 7 du 19 juillet vers Auschwitz (son père dit cependant qu’elle leur envoie une carte de Drancy le 18 « août », peut-être une erreur pour 18 juillet…). Elle est déclarée décédée le 11 novembre 1942 (par erreur ?, c’est la date retenue pour sa mère…) à Auschwitz [2]Journal Officiel 2019.

Moïse et Berthe sont arrêtés le 19 octobre 1942 à 8 h 15 à Mimizan (lors d’une rafle), transférés le même jour à Bordeaux par la « feldkommandantur de Dax », puis le 26 à Drancy (AD 33).

Ils sont déportés sans retour à Auschwitz par le convoi n° 42 au départ de Drancy le 6 novembre.

Berthe est déclarée décédée le 11 à Auschwitz [3]Journal Officiel 2019.

Une demande de recherches est faite par leurs enfants Elisabeth et Salo.

Moïse obtient la mention « Mort en déportation » par arrêté du 22 septembre 2020.


Autres sources

Autres sources
1 En Zone nord, pour satisfaire aux exigences du commandement militaire allemand en France et en application de la loi du 4 octobre 1940, le gouvernement de Vichy demanda aux préfets, le 28 avril 1941, de créer des camps d’internement pour les Juifs étrangers.
2 Journal Officiel 2019
3 Journal Officiel 2019