Maria MOULIAN
Maria MOULIAN à son retour de déportation

Maria MOULIAN

Maria SALLES est née le 11 juin 1908 à Saubrigues, maison Sallenave, fille de Pierre « Cyprien », cultivateur (1852-1913), et de Marcelline SANGLA, couturière (1868-1942). Elle a une sœur et deux frères aînés, dont Jean-Louis (1903-1976), qui sera aussi résistant et déporté. La famille habite ensuite à St-Martin-de-Hinx, maison « Menusé ». Leur père décède prématurément alors que Maria n’est âgée que de 5 ans.

Elle épouse le 11 février 1928 à Saint-Jean-de-Marsacq Jacques Adrien dit « Alfred » MOULIAN, cultivateur, né en 1902 à Lesperon. Ils ont un fils, Jean, né en 1928, et habitent la maison « Merle » à St-Jean-de-Marsacq, où les parents MOULIAN sont métayers.

Alfred MOULIAN s’engage dans les luttes paysannes (contre le métayage) et rejoint le Parti Communiste, qui est interdit à la déclaration de guerre.

Fin 1940, il rédige un tract à destination des paysans, dénonçant le pillage de l’économie française par les Allemands et la collaboration de Vichy.

Dès le printemps 1941, il rejoint la résistance communiste (dirigeant du Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France), groupe du Bas-Adour. Astreint à résidence forcée par le préfet le 5 mai 1942, il disparait de son domicile le 18 (ce qui donne lieu le 5 mars 1943 à une condamnation, par défaut, du tribunal correctionnel de Dax à six mois de prison) et rentre dans la clandestinité.

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Maria est homologuée résistante FTPF du 1er au 20 septembre 1942.

Le 20 septembre 1942 en effet, suite à la trahison de GIRET, une vague d’arrestations (par la S. A. P., Section des Affaires Politiques, la tristement célèbre « Brigade POINSOT) touche les milieux communistes dans les Landes (au moins 75 arrestations, essentiellement dans le sud-ouest du département). Alfred MOULIAN y échappe, mais sa femme est arrêtée à Heugas (ou Saint-Jean-de-Marsacq), transférée à Bordeaux au Fort du Hâ (le 25 ?), puis au Fort de Romainville dans la banlieue parisienne. Elle est déportée par le convoi parti de Compiègne le 28 avril 1943 pour Ravensbrück (matricule 19380). Ce convoi compte 212 femmes.

Le frère de Maria, Jean-Louis, est également arrêté le 20 septembre 1942 à Saint-Martin-de-Hinx, et déporté le 24 janvier 1943 à Sachsenhausen, transféré en 1944 à Buchenwald, libéré le 25 avril 1945 et rapatrié le 15 mai.

Pour se mettre à l’abri, Alfred est déplacé dans la région de Poitiers. En janvier 1943 il devient adjoint au chef du 3e bureau (opérations) de l’état-major régional des Francs-tireurs et partisans (FTP) des Charentes, puis responsable communiste paysan pour la Charente, les Deux-Sèvres et la Vienne, « participant à de nombreuses opérations contre l’ennemi ». Il est aussi délégué de la direction nationale des FTP.

Mais une vague d’arrestations de résistants communistes est opérée par les policiers de la Section des affaires politiques (SAP) de Poitiers aux alentours du 1er mai 1944. Alfred MOULIAN est arrêté sur dénonciation par ces policiers à la gare de Niort (ou bien dans le quartier proche de Souché) (cf. rapport de police du 3 mai) avec Joseph THOMELET (déporté le 2 juillet, décédé à Dachau), André TESSON (du Réseau Delbo-Phénix, également déporté le 2 juillet de Compiègne) et Jeanne LALLOZ épouse SORIN, « porteurs de tracts communistes », et incarcéré à la prison de la Pierre-Levée de Poitiers à compter du 1er mai.

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Prison de la Pierre-Levée à Poitiers

Condamné à mort par le tribunal militaire de la Feldkommandantur 677, il est passé par les armes sur le champ de tir de Biard le 4 juillet 1944 à 18 h 40, en compagnie de 16 autres résistants.

Maria est libérée, avec 250 autres déportées, le 9 avril 1945 par l’intermédiaire de la Croix-Rouge, à quelques semaines de la chute du IIIe Reich. Transportée par camion jusqu’en Suisse, elle gagne ensuite la France par Annemasse, Lyon et Bordeaux une semaine plus tard.

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Maria MOULIAN au moment de sa libération

Alfred MOULIAN fut cité à l’ordre du Corps d’armée, reconnu lieutenant FFI et Interné Résistant, décoré de la Croix de guerre et nommé à titre posthume chevalier de la Légion d’honneur, par un décret du 7 novembre 1958.

Maria habite après-guerre Saint-Jean-de-Marsacq, puis Saint-Vincent-de-Tyrosse, aux Colonnes.       

Elle est décédée le 20 juin 1994 à Bayonne.