Gazagne (Pierre-René)

Gazagne (Pierre-René)

Né en 1889 à Lyon (69), fils d’un employé de commerce, il entame une carrière préfectorale et ministérielle en 1913, tant en métropole qu’en Afrique du Nord.
Il est nommé préfet des Landes fin juin 1941.
Pierre Garat, jusqu’alors chef du service des questions juives à la préfecture de la Gironde (sous Papon) devient son directeur de cabinet en août 1943.

Le 8 août 1943, répondant à une intervention du député d’Agen Joseph Fega, sollicitant sa bienveillance et une remise totale ou partielle de l’amende frappant Charles Ullmo (qui n’avait pas effectué son recensement comme juif à la mairie de Bourriot) :

« Bourriot-Bergonce est en zone sud. S’il s’était trouvé en zone occupée le délinquant serait interné. La peine est bien légère »

Archives départementales des Landes

Il rend un certain nombre de services à la Résistance.

Il rencontre (par l’intermédiaire de Miremont, chef de service à la préfecture) Aldo Molesini à la mi-juillet 1943 (à l’occasion des fêtes de la Madeleine). En gage de bonne volonté, le préfet livre la liste des membres des organismes collaborationnistes (dossier par P. Péré au CPRD).

Le 12 mars 1944 à Lannemaignan (Gers), Pierre Gazagne rencontre George Starr alias Hilaire et l’assure de son soutien.
Les importants états de services du préfet Gazagne en faveur de la Résistance expliquent l’attitude de Léon des Landes, qui maintient le préfet à son poste à la Libération (quelques jours). Fin septembre-début octobre, après une réception dans les salons de la préfecture, Pierre Gazagne quitte Mont-de-Marsan. Il va recevoir la médaille de la Résistance.

Pierre Gazagne a été pendant plus de trois ans préfet de Vichy en zone occupée ; à ce titre il a fait appliquer les lois des gouvernements du maréchal Pétain.
Il a été aussi un authentique résistant qui a pris de gros risques et a joué un rôle important au moment de la Libération du département.
On peut relever deux constantes dans son attitude durant cette période : d’abord, de violents sentiments antiallemands et la volonté de défendre les intérêts français dans le cadre de la convention d’armistice. Ensuite, un anticommunisme virulent qui explique sa politique de répression et les réactions d’animosité des militants du PC à son encontre.
Gazagne offre donc le portrait d’un homme complexe avec ses ombres et ses lumières, comme cette période en a produit beaucoup.

Dès le 26 août 1944, il est remplacé par M. Chary, résistant.

Après la Libération, il devient secrétaire-général du gouverneur de l’Algérie, et est en poste au moment des émeutes de Sétif (mai 1945).
En 1947, c’est Pierre Garat qui redevient son directeur de cabinet.
Il poursuit ensuite sa carrière préfectorale et sera maire d’Alger (1947-1953). Retraité en 1949, commandeur de la Légion d’Honneur.
Il est décédé en 1984 à Paris.