Né le 3 juin 1917 à Barcelone (Espagne), André Gustave JEANNE-BOUILLAR est le fils d’un capitaine de gendarmerie et d’une mère espagnole.
André Bouillar est fait prisonnier en 1940 après s’être illustré lors de la campagne de France. Libéré en septembre, il entre dans la police en 1941 en tant qu’inspecteur auxiliaire des renseignements généraux à Mont-de-Marsan. Muté peu de temps après à Dax, il prend rapidement contact avec la résistance locale, notamment le S.O.E. (Spécial Opération Executive), le réseau anglais Scientist et l’O.C.M. (Organisation Civile et Militaire). Malgré quelques opérations clandestines dans cette zone, c’est à Tarnos, où il est détaché le 11 novembre 1941, qu’il est le plus actif. Il se marie à Bayonne.
En relation avec l’inspecteur de police de Bayonne André Vallet (alias Francis dans la résistance), l’entreprise de pompes funèbres Bidart-Laffargue et des amis basques anciens prisonniers de guerre, il met rapidement sur pied des filières de passage en Espagne et en zone non-occupée. A l’automne 1942, son action s’oriente cependant davantage vers l’engagement violent et concret contre les nazis. Il crée pour cela une première unité armée à Tarnos, rattachée comme lui à l’A.S. (Armée Secrète) de Léon des Landes, à l’O.C.M. et au réseau Buckmaster.
Associé à Jeannot Mouchet, il mène alors sous le pseudonyme de Dédé le Basque de nombreux passages clandestins en Espagne, mais également des opérations de récupérations et des distributions d’armes parachutées en Haute-Lande (ramenées dans un premier temps par l’inspecteur sur Bayonne puis éparpillées et cachées par différents groupes de résistants de la région). Il fabrique aussi de fausses cartes d’identité à la mairie de Tarnos.
Après une courte trêve pendant l’hiver 1943-1944, les attentats redoublent au début de l’année 1944. Le 30 janvier, il fait ainsi sauter les sièges d’organisations collaborationnistes à Bayonne (Parti Populaire Français – des hommes de main de cette formation ont été envoyés dans le département des Landes pour le traquer-, Légion des Volontaires Français, Rassemblement National Populaire, groupe Collaboration). Le 16 mars, sur l’initiative de Jean Mouchet, une ligne haute tension explose à Tarnos, le 20, un répartiteur téléphonique à Bayonne, et le 11 mai, le centre d’embauche allemand ainsi qu’un bureau d’information (ils détruisent ainsi les dossiers de centaines de jeunes en partance pour l’Allemagne).
Début 1944, grâce à l’efficacité de son action et à la progression de son engagement, il est promu chef des F.F.I. (Forces Françaises Libres) dans le département des Basses-Pyrénées occupées.
Peu de temps après, il est même appelé à Bordeaux où il se voit confier d’importantes responsabilités au niveau régional puis national. Il y retrouve d’autres Tarnosiens avec lesquels il participe à la création du célèbre et très actif Corps-Franc Marc. Passé dans la clandestinité, recherché par les Allemands, il multiplie alors les coups d’éclat. Certains très spectaculaires, comme l’évasion de camarades prisonniers de la Gestapo ou les attentats contre les engins V4 de l’usine Latécoère de Toulouse, ont un retentissement national.
Cependant, après avoir rejoint avec ses hommes le maquis du Blayais à Reignac-de-Blaye, et après sa nomination à la tête des F.F.I. du Nord-Gironde et Sud-Charente avec le grade de capitaine, il tombe, mortellement blessé, le 22 août 1944 lors de l’attaque d’une compagnie allemande à St-Simon-de-Bordes.
Ses obsèques, le 24 à Reignac-de-Blaye, sont grandioses. A plusieurs reprises d’autres cérémonies, à Mont-de-Marsan, Tarnos ou Bayonne, honorent également la mémoire de celui que l’historien Raymond Ruffin définit comme l’une « des plus grandes figures de la résistance de la région B, un chef historique qui a marqué du fer rouge de l’héroïsme la belle époque également historique de l’armée de l’ombre ».
Une stèle commémorative lui est dédiée à Reignac-de-Blaye, ainsi qu’au commissariat de Mont-de-Marsan. Il figure également sur la stèle commémorative 1939-1945 de Gazinet (Gironde) et une rue porte son nom à Tarnos et à Bayonne
Sources :
Sources :
- Site Histoire sociale des Landes
- Laulhé (B.), La Résistance au Pays Basque, Master U.P.P.A., 2001, Fiche n°34. https://www.bpsgm.fr/laulhe-benoit-resistance-au-pays-basque-34-andre-bouillar-policier-et-resistant/
- https://www.bpsgm.fr/bouillar-andre/
- https://www.retours-vers-les-basses-pyrenees.fr/2020/11/precisions-sur-bayonne-sous-vichy-et_19.html
- Montagnon (Pierre), Les maquis de le Libération, 1942 – 1944, Flammarion, Paris, 2000, 286 p.
- Nicholson (David D.), Aristide, Warlord of the Resistance, Leo Cooper, London, 1994, 412 p.
- Serres (Jean), Le groupe André Bouillar – Jean Mouchet, de Tarnos, dans la Résistance en Aquitaine, ANACR, Amis de la Résistance de Tarnos-Seignanx, Tarnos, 2003, 163 p.
- Centre social et culturel du Boucau, Tarnos, Boucau, Ondres, durant la période 1940-1944, Boucau, Imprimeries du Boucau-Tarnos, 1995, 63 p.