Aldo Molesini
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Aldo Molesini

Il nait le 3 mai 1894 à Desenzano del Garda, au bord du lac du même nom, alors en Autriche, aujourd’hui en Italie, fils de Rodolphe et d’Adèle Castellain.

Il entame des études à l’université de Vienne afin de devenir ingénieur des Travaux Publics Agricoles

Refusant d’être mobilisé en 1914 dans l’armée autrichienne, Aldo Molesini rejoint l’Italie pour s’engager dans l’armée, il y sert comme observateur dans l’artillerie en 1915.

En 1921, il est géomètre-expert au Ministère de l’Agriculture à Rome et se marie en 1923.

Socialiste, franc-maçon, militant des Droits de l’Homme, il fuit le régime fasciste de Mussolini et vient en France en 1926. Son épouse ne le suit pas, mais il est rejoint par son frère Edouard (né en 1900).

Installés à Eauze dans le Gers, ils travaillent à la construction d’une voie ferrée, à l’exploitation d’une carrière, etc., avant de s’établir à Mont-de-Marsan, avenue de l’Hippodrome, en 1933.

Aldo est alors engagé comme directeur des établissements Hinard (1500 employés, spécialisés dans les Travaux Publics, construction de bâtiments, ponts, silos, du Sanatorium de Nouvielle, exploitation du bois…, actuellement gymnase du Stade Montois), son frère en devenant le responsable du personnel. Il est à cette période approché par les services de renseignements britanniques, et le Ministère de l’intérieur le sollicite pour un projet de construction dans les Landes d’un centre d’internement (pour les réfugiés de la Guerre d’Espagne), qui sera finalement réalisé à Gurs… Les préfabriqués sont néanmoins fournis par les établissements Hinard (comme plus tard ceux des Chantiers de la Jeunesse ou de l’armée d’occupation…).

Il est domicilié rue Parmentier en 1936.

Son frère et lui furent naturalisés français le 13 juillet 1939. Ils sont alors domiciliés rue Armand Dulamon.

Il est mobilisé au dépôt 189 à Mont-de-Marsan de mai à juillet 1940.

En février 1941, le préfet prescrit une enquête destinée à la Commission de Révision des Naturalisations, qui recommande de lui conserver sa nationalité française.

Après le début de la guerre, ses fonctions et sa connaissance de la langue allemande, ainsi que sa fréquentation de la table du Richelieu, lui facilitent les relations avec les Allemands et le franchissement de la ligne de démarcation. Ses établissements sont de plus situés à proximité de la base de la Luftwaffe.

Dès octobre 1940, il organise le passage en Espagne de deux officiers britanniques (via un camion de l’entreprise se rendant au chantier de Gurs).

Aldo Molesini, ayant obtenu le classement de son établissement comme « entreprise protégée », produisant pour l’Allemagne, évite aux jeunes des classes 39/2 à 43 la réquisition pour le S.T.O. en les employant fictivement ou à mi-temps.

Le 20 décembre 1942, dans sa ferme de Montréal-du-Gers, il rencontre George Starr alias Gaston, alias Hilaire, chef britannique du Réseau Wheelwright-Buckmaster, et se met à son service (comme Agent P1). Il aide « Gaston » dans la clandestinité, lui fournissant un emploi fictif, l’hébergeant et le convoyant à plusieurs reprises, lui fournissant les fonds nécessaires. C’est l’époque de la montée en puissance de la Résistance dans le Nord-est des Landes, parachutages (Arx, Lubbon, etc.), Chantiers de la Jeunesse (Gabarret), groupe Cantal, groupe Dumartin, etc.

Il dispose également de contacts à la préfecture, dans la police, mais aussi chez l’occupant. Il héberge des résistants, fournit de faux documents, assure des liaisons, avec son chauffeur Pierre Hiquet, transporte des armes. Il permet la nomination de la Marquise de Guilloutet, interprète de la kommandantur, à la tête de la Croix-Rouge des Landes, ce qui lui permet là aussi d’obtenir de précieux renseignements (et la libération du fils de Charles Lamarque-Cando).

Les informations sont transmises au consulat britannique de San Sebastian par l’intermédiaire d’un pêcheur de St-Jean-de-Luz et d’un pêcheur espagnol ; ensuite, c’est l’opératrice-radio du réseau S.O.E. Wheelwright qui transmet depuis les résidences gersoises d’Aldo Molesini. Ces transmissions sont, entre autres, à l’origine du bombardement de la base aérienne le 27 mars 1944.

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Le garagiste Pierre Hiquet, mécanicien et chauffeur des établissements Hinard/Molesini

Le 27 mars 1944, les établissements Hinard sont sinistrés lors du bombardement de la base aérienne de la Luftwaffe.

Le 22 avril, un couple d’amis, engagé dans la Résistance, est arrêté à Mont-de-Marsan…

 Il participe à la libération d’Aire-sur-l’Adour le 13 août 1944 ; il doit reconnaitre le corps du jeune Guy Le Roux, et annoncer la nouvelle du décès à son père (commissaire de police de Mont-de-Marsan).

Le 19 août, il fait la route jusqu’à Auch afin de ramener à Mont-de-Marsan un groupe d’officiers alliés (parmi lesquels le capitaine Mellows), au moment de la libération de Mont-de-Marsan.

Le 21, lendemain de la Libération de Mont-de-Marsan, Aldo Molesini doit lutter contre un incendie criminel de ses établissements, allumé par des gens qui ignoraient le rôle important qu’il avait joué pour lutter contre l’Occupant…

Il obtient une citation à l’Ordre de la demi-brigade de l’Armagnac, portant attribution de la Croix de Guerre le 8 janvier 1945, ainsi que la King’s Medal for Courage in the Cause of Freedom et la Médaille de la Résistance en 1946.

Après la guerre, il tente l’aventure d’un commerce de bois en Australie, mais revient à Mont-de-Marsan, où il vit modestement, Résidence du Peyrouat.

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Aldo Molesini est décédé le 18 août 1970, terrassé par une crise cardiaque à la gare de Dax, Edouardo son frère l’avait précédé en juin 1969. Ils sont tous deux inhumés au cimetière du Péglé à Mont-de-Marsan.



Source

Travail de Pierre Péré, correspondant de l’Institut d’Histoire du Temps Présent, « Mémoire de la Résistance du Gers » (Archives du C.P.R.D.)