Marguerite AMBROISE est née le 2 janvier 1905 à Labenne, à la Braneyre, fille de Martin, charretier (installé ensuite à Axat dans l’Aude, mort pour la France en septembre 1915), et de Marie MAYSONNAVE, ménagère. Orpheline de guerre, Marguerite est adoptée par la Nation en décembre 1918.
Commerçante, elle épouse le 18 octobre 1932 à Labenne Jean LARTIGAU, né en 1895 à Tarnos, receveur-buraliste à Capbreton, dans la Grand’rue (rue du Général de Gaulle). Ils ont deux enfants.
Son époux est engagé en politique, militant socialiste, candidat en 1931 aux élections pour le conseil d’arrondissement dans le canton de Saint-Vincent-de-Tyrosse. Partisan déterminé d’un rapprochement avec le Parti communiste (Front Populaire), il est élu en mai 1937 conseiller municipal de Capbreton. En janvier 1939, il démissionne du conseil municipal.
Son engagement à gauche le rend suspect aux yeux des autorités de Vichy, et il est de plus membre de la Résistance, avec son épouse, depuis mars 1942 comme agent de renseignement (P2) au sein du réseau CND (Confrérie Notre-Dame)-Castille (région Bayonne-Biarritz, sous le pseudonyme de « Pilon »). Il est donc mis en résidence forcée dès avril 1942, puis pris avec son épouse à Capbreton dans la rafle du 20 septembre 1942.
En effet, suite à la trahison de GIRET, une vague d’arrestations (opérées par la S. A. P., Section des Affaires Politiques de Bordeaux, dirigée par le tristement célèbre POINSOT) touche les milieux communistes dans les Landes. On compte au moins 75 arrestations, essentiellement dans le sud-ouest du département, dont André BERGERON, Jacques MIREMONT ou Maria MOULIAN, qui partageront le sort des époux LARTIGAU.
Ils sont écroués le même jour à la prison de Dax, puis transférés le 25 au Fort du Hâ à Bordeaux (section allemande).
Jean est déporté par le transport parti de Compiègne le 24 janvier 1943 pour Sachsenhausen-Oranienburg. Il y est décédé le 25/26 juin 1943.
Marguerite est quant à elle transférée au Fort de Romainville le 6 avril 1943, puis le 25 à Compiègne-Royallieu, d’où elle est déportée par le convoi parti le 28 avril en direction de Ravensbrück, où elle arrive le 30 et reçoit le matricule 19379.
A l’instar d’Odette FABIUS, elle est libérée le 24 avril 1945. En effet, depuis l’automne 1944, le comte BERNADOTTE de Suède, président du Comité International de la Croix-Rouge, a entamé des démarches auprès d’HIMMLER pour obtenir la libération de plusieurs milliers de prisonnières. Celui-ci y voit l’occasion de se rapprocher des Alliés occidentaux, à l’insu d’HITLER. Dans la nuit du 23 au 24 avril, un convoi du CICR entre à Ravensbrück, de simples camions bâchés, sans le sigle de la Croix-Rouge. Ils emmènent environ 1500 prisonnières belges, françaises et néerlandaises en direction de Malmö, en Suède. « Nos camions sont mêlés aux convois de l’armée allemande en déroute et mitraillés à bout portant par les Alliés. Plusieurs de nos compagnes sont tuées ou blessées ».
Réparties dans divers centres (Trelleborg, Ryd, Göteborg, Malmö), les déportées reçoivent les premiers soins. Les survivantes ont témoigné de l’accueil chaleureux des services humanitaires suédois. Des écoles, des salles communales sont transformées en hospices. Les Lottas, les infirmières volontaires suédoises, sont aux services de femmes épuisées. La population civile offre son assistance en donnant le gîte et le couvert.
Une légation française vient photographier chacune d’entre elles pour produire de nouvelles pièces d’identité.
Les listes des femmes arrivées en Suède sont diffusées à la radio française et publiées à la une des quotidiens.
Malgré les efforts de l’hôte suédois, les semaines de convalescence ne font que s’ajouter au long mois passés loin de leur foyer. L’impatience gagne ces Françaises qui ont hâte de retrouver leur pays.
Mi-juin, les rapatriements par avion sont organisés. Tous les deux jours environ, quinze à vingt femmes atterrissent au Bourget avant de rejoindre en bus l’Hôtel Lutétia. Les dernières femmes rentrent au mois d’octobre.
Marguerite rejoint elle, enfin, la France le 30 juin.
Une lettre, adressée au Comité Départemental d’entraide aux Internés et Déportés Politiques nous apprend qu’elle va bénéficier du pécule de 5.000 francs accordés aux rapatriés des camps, d’un congé payé, ainsi que d’un séjour à la maison de repos d’Eugénie-les-Bains, à l’instar des 250 (environs) Landais déportés et rentrés.
Elle est décédée le 24 janvier 1988 à Coulommiers (77).
Sources
https://www.cotesud-histoire.com/templates/cotesud-histoire.php?id_page=33
http://histoiresocialedeslandes.fr/