Les camps d’internement en France

Les différents lieux d’internement en France (« centres de séjour surveillé », maisons d’arrêt, stades, bâtiments divers, lieux d’assignation à résidence) sont pour la plupart établis et gérés par les autorités françaises.
Situés à proximité de gares, les personnes arrêtées y sont internées, et ils sont les points de départ de la déportation.

Mérignac-Beaudésert (Gironde)

Camp d’internement (officiellement « Centre de Séjour Surveillé »), créé fin 1940 par le Préfet de la Gironde, sur demande des Allemands, il va servir à détenir des Tziganes, puis des communistes, des étrangers et français en situation irrégulière, des réfractaires au S.T.O., Républicains espagnols, « indésirables », et de nombreux Juifs.
D’une capacité d’environ 400 internés, ses installations sont précaires, et les conditions de détention très mauvaises, hygiène, nourriture, etc.

Un lieu d’internement pour les Juifs

Des Juifs sont internés au camp dès février 1941, mais c’est surtout avec les rafles de juillet 1942 qu’ils arrivent en nombre.
A partir du 2 juillet 1942, des juifs des deux sexes âgés de 16 à 45 ans furent détenus au camp. Une palissade séparait les baraques des Juifs des baraques des autres détenus.
Plus de 2 000 juifs de Bordeaux et de sa région furent internés au camp de Mérignac. Quinze cents d’entre eux furent transférés au camp de Drancy puis déportés vers les centres de mise à mort de Pologne.
Pierre Garat, haut fonctionnaire vichyste, sous la responsabilité de Maurice Papon, secrétaire général de la préfecture de la Gironde, établit les listes, et procède au triage des Juifs.
Les enfants juifs arrêtés dans les Landes avec leurs familles en tentant de franchir la ligne de démarcation sont envoyés à Mérignac par les autorités allemandes, y passant quelques jours ou semaines avant d’être transférés vers Drancy, dans leur quasi-totalité par le convoi du 26 août 1942, puis déportés vers Auschwitz.

Les principaux convois à destination de Drancy (préparés par la préfecture régionale de Bordeaux et Maurice Papon à la demande des Allemands) :

Soit plus de 1200 personnes, dont 200 enfants environ.

Liens

Gurs (Pyrénées-Atlantiques)

Le camp de Gurs est un camp d’internement construit en France à Gurs près d’Oloron-Sainte-Marie dans les Basses-Pyrénées (actuellement Pyrénées-Atlantiques) par le gouvernement d’Édouard Daladier entre le 15 mars et le 25 avril 1939 pour interner les personnes fuyant l’Espagne (Républicains espagnols, combattants des Brigades internationales) après la prise de pouvoir du général Franco.

Après l’armistice du 22 juin 1940, signé avec l’Allemagne par le gouvernement français de Pétain, le camp fut utilisé comme camp d’internement mixte pour détenir des Juifs de toutes nationalités – sauf français – capturés et déportés par le régime nazi dans des pays sous son contrôle (Allemagne, Autriche, Belgique, Pays-Bas).

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le camp reçoit également des Espagnols en provenance d’autres camps fermés en raison des conditions de vie ou du faible nombre de détenus, des apatrides, des gitans, certains prisonniers de droit commun en attente de jugement (prostitution, marché noir, faux papiers, etc.).

Avec l’arrivée des Juifs au camp à partir d’octobre 1940, Gurs devient le symbole de l’antisémitisme du régime de Vichy.

De 1940 à 1943, 20 000 juifs ont été internés à Gurs :

– Des Juifs allemands du Pays de Bade, du Palatinat et de la Sarre : ce sont des personnes âgées en majorité. Près de 800 d’entre eux mourront dans les semaines suivant leurs arrivées (dont la grand-mère de Myriam Neuburger).

– Des Juifs (hommes, femmes et enfants) transférés depuis d’autres camps de la Zone Sud.

– Les victimes des rafles et des opérations de police. Tous ceux que les services administratifs désignent comme “étrangers en surnombre dans l’économie française”. Leur seul crime : être né juif (c’est le cas de Myriam Neuburger le 26 août 1942).

D’août 1942 au printemps 1943, 6 convois au départ de la gare d’Oloron-Sainte-Marie, encadrés par la milice française, en provenance du camp, ont envoyé 3907 juifs (hommes, femmes et enfants) à Drancy.

Les 3 570 Gursiens arrêtés et raflés par la police de Vichy

Il s’agit de Juifs étrangers arrêtés par la police de Vichy, chez eux, à la suite d’une rafle, ou en dehors de leur domicile, à la suite d’un contrôle d’identité.

Jusqu’au 1er mars 1943, date de suppression effective de la ligne de démarcation, il ne se passe pas une semaine sans que les gendar­mes ou les policiers de Vichy ne conduisent dans les îlots des sus­pects arrêtés dans la région. En règle générale, ils sont appréhen­dés aux postes-frontières (Orthez, Salies-de-Béarn, Sault-de-Navailles, et dans la partie des Landes non occupée, rattachée administrativement à Pau, après examen de leur situation à Grenade-sur-l’Adour), ou à la gare de Pau puis, de là, rassemblés au Stadium, situé à quelques pas de là, et conduits à Gurs.

Gardes et gendarmes bouclent les deux camps, celui des hommes et celui des femmes, avec ordre de ne laisser sortir personne. Au début de l’après-midi, commence l’appel des futurs déportés, à l’entrée de chaque îlot, dans une atmosphère d’angoisse. Cette quatrième déportation en un mois n’est-elle pas le signe que personne n’y échappera ? C’est ensuite le retour à l’intérieur des baraques, les préparatifs de départ, les valises à faire, tel objet à récupérer, tel autre à restituer, la sortie de l’îlot et la mise en route vers l’îlot E, le tout entrecoupé de crises de nerfs, d’explo­sions de larmes, d’anathèmes jetés sur les services français, de bous­culades, de tentatives de suicides (« c’étaient toujours les mêmes per­sonnes qui essayaient de se suicider » dit Heini Walfisch). Certains se cachent derrière les tinettes, dans les cabines de dou­ches, dans les fossés, au milieu des hautes herbes, sous le plancher des baraques, dans le plafond ou les placards des infirmeries. Pour les dénicher, le chef de camp, au cours de la soirée et durant la nuit, utilise des chiens.

À l’intérieur de l’îlot E, îlot de départ, règne la même efferves­cence. Chacun cherche à obtenir des nouvelles d’un parent ou d’un ami et tente d’être mis dans la même baraque que lui, mais ce n’est pas toujours possible. Et puis, surtout, commence un incroyable mar­chandage entre les Œuvres et l’administration du camp. Certaines catégories d’internés, en effet, ne sont pas déportables en août 1942 : les jeunes de moins de 16 ans, les vieillards de plus de 65 ans, les con­joints d’Aryens, les malades intransportables et les Juifs d’origine anglaise ou américaine. Or il arrive fréquemment que des person­nes appartenant à ces catégories soient incluses par erreur sur les listes. Une fois avertis, les délégués des Œuvres interviennent auprès du chef de camp pour que la loi soit effectivement appliquée et que les non-déportables quittent l’îlot E. Il leur est systématiquement répondu : « Si vous pouvez trouver quelqu’un qui le remplace, il ne partira pas ». On en arrive donc à cette aberrante situation de voir tel responsable de telle ONG rechercher à travers le camp celui ou celle qui accep­tera de prendre la place du malheureux appelé par erreur. On finit la plupart du temps par le trouver : c’est un homme de plus de 65 ans dont la femme, plus jeune, a été inscrite sur la liste, c’est le jeune fils qui ne veut pas quitter sa mère ou son père. Ce véritable trafic d’hommes est ressenti par les délégués des ONG comme un des raffinements les plus sordides de la perversité vichyssoise.

Puis les camions entrent dans le camp, s’arrêtent devant la porte de l’îlot, chargent les déportés, baraque par baraque, et repartent vers la gare d’Oloron.

C’est enfin le convoi vers Rivesaltes, lieu de regroupement et ultime étape avant Drancy. Le voyage se déroule dans des conditions épouvantables, comme l’atteste le rapport du capitaine de gendarmerie Annou, commandant du convoi :

« Le train spécial du 1er septembre transportait un groupe­ment hétéroclite d’hommes, de femmes, d’enfants, de vieil­lards, de malades, d’infirmes abandonnés à leur sort dès le départ donné (…). La masse était parquée sur la paille humide d’urine. Des femmes se désespéraient de ne pouvoir satisfaire des besoins naturels hors du regard d’inconnus. Des évanouissements dus à la chaleur et aux odeurs déga­gées ne purent être traités. Le spectacle de ce train impres­sionna fortement et défavorablement les populations fran­çaises non juives qui eurent à le voir, dans les gares en particulier. »

Près de 4 000 juifs furent transférés au camp de Drancy, entre le 6 août 1942 et le 3 mars 1943, puis en Pologne au camp d’Auschwitz où ils furent presque tous assassinés.

Environ 64 000 personnes ont été internées à Gurs, et 1 072 y sont mortes, entre son ouverture en mars 1939 et sa fermeture à la fin de la guerre en août 1944.

Le camp sera dissout en novembre 1944, pour autant avant sa fermeture définitive, y furent brièvement internés des prisonniers de guerre allemands, des Français ayant collaboré avec les Allemands et des combattants espagnols qui avaient pris part à la Résistance, mais que leur volonté de mettre fin à la dictature de Franco rendait dangereux aux yeux des Alliés.

Le camp fermera définitivement ses portes le 31 décembre 1945. Les baraques en état (celles du quartier administratif) seront vendues aux enchères, tout le reste sera brûlé pour “insalubrité”[1]Wikipédia, [2]Site de l’Amicale du Camp de Gurs.

Liens :

https://enseignants.lumni.fr/fiche-media/00000001908/gurs-un-camp-d-internement-francais-1939-1945.html#eclairage

Voir également une piste pédagogique.

Drancy (Seine-St-Denis)

Le camp de Drancy, situé au nord-est de Paris, a été créé par les Allemands en août 1941 pour servir de camp d’internement pour les Juifs étrangers en France. A l’été 1942, il devint par la suite le principal camp de transit des Juifs déportés de France, la plaque tournante de la déportation vers Auschwitz. Jusqu’au 1er juillet 1943, le camp fut doté en personnel par la police française (supervisée par la Police de sécurité allemande (Sipo-SD)). Les Allemands prirent le contrôle direct du camp en juillet 1943, sous le commandement de l’officier SS Aloïs Brunner.

Le camp était un bâtiment inachevé, composé de plusieurs étages en forme de U, qui faisait partie d’un ensemble immobilier construit au début des années 30. Le bâtiment et sa cour étaient entourés de fils de fer barbelés. Le camp avait une capacité de 5 000 prisonniers. Quatre camps annexes, dont trois furent utilisés à l’origine pour entreposer les biens confisqués des Juifs, étaient dispersés dans Paris. Environ 70 000 prisonniers passèrent par Drancy entre août 1941 et août 1944.

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Drancy, situé à proximité de deux gares, devient un camp de transit, la plaque tournante de la déportation des Juifs de France vers Auschwitz. Les déportés juifs y arrivent de toute la France : de la zone Nord occupée ; de la zone Sud (avant comme après son invasion en novembre 1942 d’où ils sont livrés par le gouvernement de Vichy) ; puis de l’ex-zone italienne (située à l’est de la vallée du Rhône) à partir de septembre 1943.

Le 27 mars 1942, un premier convoi part de Drancy (complété par des détenus du camp de Compiègne).

C’est la « rafle du Vel’ d’Hiv’ », les 16 et 17 juillet 1942, en région parisienne, qui inaugure la longue série de convois de déportation qui va concerner l’essentiel des Juifs qui ont été déportés depuis la France. Plus de 37000 Juifs partent ainsi de France de mi-juillet à début novembre 1942

Le 19 juillet, au départ de Drancy via la gare du Bourget, Dannecker fait partir pour Auschwitz un convoi pour lequel, pour la première fois, 375 Juifs de France seront gazés après une sélection. .

Les enfants, d’abord conduits dans les camps du Loiret, y sont séparés de leurs mères et beaucoup arrivent à Drancy durant la deuxième quinzaine d’août, pour être déportés. Leur arrivée à Drancy, seuls et démunis, marqua ceux qui y assistèrent.

Puis, grâce aux accords avec le gouvernement de Vichy, les Allemands obtiennent la livraison de Juifs étrangers de zone Sud : les premiers internés, beaucoup de Juifs allemands ayant fui le nazisme, arrivent à Drancy le 6 août. Quatre jours plus tard, ils sont déportés à Auschwitz où les trois quarts sont immédiatement gazés. Les convois de zone Sud se succèdent vers Drancy durant tout le mois d’août 1942.

Les rafles et les transferts des Juifs internés en zone sud entraînent une surpopulation qui se traduit par des conditions de vie difficiles et une détresse quotidienne provenant du rythme des départs en déportation : 31 convois partent jusqu’en novembre 1942.

Entassés parfois jusqu’à 85 par chambrée, les internés souffrent de la promiscuité, de la faim, des maladies et des parasites qui se propagent. Des trafics se développent et le marché noir, organisé avec la complicité des gendarmes, reste le seul moyen de se procurer des denrées interdites ou d’améliorer le quotidien pour qui ne reçoit pas de colis.

Jusqu’en juillet 1943, la vie du camp alterne entre des périodes de déportation intenses et d’autres plus calmes, les conditions de détention varient au gré des autorités allemandes et françaises qui peuvent du jour au lendemain retirer un privilège qui avait été accordé. L’enseignement pour les enfants, par exemple, est autorisé à certaines périodes et supprimé à d’autres. Tout est réglementé : l’accès à la cour et aux toilettes, la tenue vestimentaire, les corvées…

En juillet 1943, le nazi Aloïs Brunner entouré d’une équipe de SS prend la direction du camp et renvoie les gendarmes à l’extérieur du camp, où ils sont cantonnés à la surveillance des abords. Comme les nazis l’ont fait dans les camps de concentration, Brunner fait reposer une partie de l’administration du camp sur les internés, afin de les opposer entre eux et les tromper. Pour les mêmes raisons, Aloïs Brunner entreprend une restructuration du camp mais son objectif est de déporter le plus grand nombre de Juifs. Outre des travaux d’aménagement, il élabore un classement des internés en différentes catégories, notamment « déportable » (B) ou « protégé » (C), le basculement de l’une à l’autre pouvant s’effectuer très rapidement. Parallèlement la violence contre les internés est permanente. À partir de mi-septembre, un groupe d’internés ayant accès à des outils entreprend de construire un tunnel. Celui-ci est découvert début novembre et les responsables déportés.

Au début de l’été 1944, devant la progression des forces alliées, des milliers de Juifs sont acheminés à Drancy depuis les villes du Sud pour être déportés. La dernière grande rafle a lieu du 21 au 25 juillet 1944, dans des foyers d’enfants de l’Union Générale des Israélites de France (UGIF). La majorité des 250 enfants raflés est déportée le 31 juillet 1944 par le convoi 77. Le dernier convoi part de Drancy le 17 août. Les déportés sont emmenés à pied à la gare de Bobigny par Brunner et ses hommes, qui ont brûlé les archives du camp. Deux internés parviennent heureusement à sauver le fichier des noms. 1 500 prisonniers restaient à Drancy.

Le camp est alors confié à la Résistance. En concertation avec l’UGIF et la Croix rouge, les internés quittent le camp à partir du 18 août avec un colis, un peu d’argent, une carte d’alimentation et un certificat de libération contresigné par la Croix-Rouge. Le 20 août, les derniers internés sont libérés. »

Ce sont au total entre 70 000 et 80 000 Juifs qui on été internés au camp de Drancy, pour une durée plus ou moins longue qui varie de quelques heures à quelques jours, de l’été 1941 à l’été 1944. Environ 63 000 Juifs sont déportés depuis le camp de Drancy, de la gare du Bourget-Drancy puis de la gare de Bobigny, à destination d’Auschwitz-Birkenau principalement. Moins de 2 000 Juifs parmi les 65 000 déportés à partir du camp de Drancy survécurent à la Shoah. Un tiers des Juifs déportés de Drancy était de nationalité française. Les autres étaient des Juifs nés à l’étranger qui avaient immigré en France dans les années 20 et 30, principalement de Pologne, d’Allemagne et, après 1938, d’Autriche. De nombreux artistes et intellectuels juifs français de renom furent détenus à Drancy, dont le poète Max Jacob, la chorégraphe Renée Blum et le dramaturge et humoriste Tristan Bernard.

Le 23 septembre 2012, à l’initiative de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, le Mémorial de la Shoah de Drancy a ouvert ses portes.

Source : http://drancy.memorialdelashoah.org/wp-content/uploads/2016/04/dossier-de-presse-drancy-1.pdf

Autres sources

Autres sources
1 Wikipédia
2 Site de l’Amicale du Camp de Gurs